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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Champeaux, Alfred de; Gauchery, Paul: Les travaux d’architecture et de sculpture, [4]: exécutés pour Jean de France, duc de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0237

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TRAVAUX D’ARCHITECTURE ET DE SCULPTURE DU DUC DE BERRY.

apôtres. Entre les piliers étaient disposées treize grandes verrières à quatre meneaux
dont les proportions rappelaient celles de la Sainte-Chapelle de Paris. Dans les lancettes
de ces vitraux s’étageaient des figures d’apôtres, portant les versets du Credo inscrits sur
des phylactères, et celles des prophètes, surmontées de gables et de pinacles du style le
plus efïlorescent. Les auteurs du temps ont longtemps considéré ces vitraux comme
des merveilles artistiques. Geoffroy Tory, se faisant l’écho d’une tradition très contes-
table, dit que le peintre qui les avait exécutés les avait rendus impénétrables aux
rayons du soleil et qu’il avait emporté son secret dans la tombe. On les a souvent
attribués au peintre verrier Henri Mellein de Bourges, qui obtint en 1430, du roi
Charles VII, la confirmation des privilèges des maîtres-peintres, en considération de
ses services, mais aucun document n’est venu confirmer cette allégation. Lors de la
destruction de la Sainte-Chapelle, quatre de ces verrières furent cassées par l’ouragan;
le reste fut tant bien que mal adapté aux douze fenêtres de la crypte de la cathédrale.
Cette dépose, qui entraîna la division de chaque vitrail en deux parties et la confusion
de toutes les figures, coûta au chapitre de Saint-Etienne la somme de 560 livres payées
au vitrier Blondeau1. Il n’en reste plus aujourd’hui que quelques panneaux incomplets.
Sur chacun d’eux sont représentées deux grandes figures de docteurs de l’Eglise placées
sous des dais d’une riche ornementation; de chaque côté sont d’autres personnages de
moindre dimension occupant le centre d’édicules ajourés. Les nombreux détails de
l’architecture sont peints en grisaille rehaussée d’ornements dorés. Une comparaison
plus attentive de ces fragments avec les vitraux de Riom nous a démontré que, contrai-
rement à ce que nous avons dit, ces dernières œuvres ont été entièrement refaites au
xve siècle et sont étrangères au duc de Berry. Les figures de Bourges, bien supérieures
au point de vue de l’art, sont conçues dans le style réaliste de l’école dont André
Beauneveu a été le plus illustre représentant et qui fut continué après lui par Jacquemart
de Hesdin et par les autres artistes attachés à la cour de Jean de Berry. Il serait témé-
raire de vouloir nommer le peintre qui les a exécutés, sans s’appuyer sur des documents
positifs, et l’on doit se borner pour, le moment, à signaler l’analogie évidente qui existe
entre ces verrières et celles qui sont placées à la cathédrale dans les chapelles des
Trousseau et des Aligret, familiers du prince. M. des Meloizes a récemment signalé à
l’attention de la réunion des Sociétés savantes l’intérêt de ces deux belles peintures sur
verre qui semblent détachées des manuscrits de la librairie de Jean de Berry.

Le mobilier intérieur de la Sainte-Chapelle était d’une grande richesse. Le chœur
était séparé de la nef par une clôture formant jubé, dont les vantaux ajourés servent
actuellement de tambour aux portes latérales de la cathédrale. De chaque côté régnait
une rangée de stalles dont les comptes de la Sainte-Chapelle constatent souvent le
nettoyage. Une partie de ces stalles, celles du côté gauche, fut détruite, avec une statue
des douze apôtres, les deux autels intérieurs du jubé et quatre verrières, par l’ouragan

\. Archives du Cher, Registres capitulaires de Saint-Etienne, année 1757.
 
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