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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Martha, Jules: Note sur une sirène en terre cuite trouvée à Vulci: (cabinet des médailles)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0304

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268 NOTE SUR UNE SIRENE EN TERRE CUITE TROUVÉE A VULCI.

Le style est archaïque. La tète, qui seule témoigne d’une facture un peu soignée et qui,
sous les mutilations quelle a subies, laisse encore entrevoir son caractère, présente les
traits principaux du style grec tel qu’il se montre au début du v° siècle : des yeux large-
ment ouverts, des pommettes saillantes, un menton fortement accentué, une bouche
pincée et un peu souriante, de ce sourire béat que l’on qualifie souvent d’éginétique.
La disposition de la chevelure, formant au dessus du front et des tempes une sorte de
bourrelet saillant, est la même que celle que l’on observe sur un grand nombre de terres
cuites grecques de style ancien1. Le type dérive évidemment du même art. A l’appui de
ces observations, il convient de remarquer que la terre cuite est peinte suivant certains
principes élémentaires que les artistes étrusques n’ont pas toujours appliqués et qu’ils
ont abandonnés de bonne heure pour s’attacher à un genre de polychromie plus riche
et plus varié. Elle ne comporte, en effet, que quatre couleurs, le rouge, le jaune2, le
noir et le blanc, les seules couleurs que l’on rencontre sur les plus anciens monuments
de la peinture en Etrurie, les fresques de la grotte Campana à Veies3, et les plaques
peintes de Cervetri4, monuments qui, selon toute vraisemblance, doivent être attribués
au ve siècle. C’est donc à une époque correspondante que je placerais la Sirène de Vulci.
Elle appartiendrait à la première période de l’art étrusque hellénisé.

Comme tous les objets d’archéologie étrusque jusqu’ici découverts, elle provient d’un
tombeau. Mais à quel usage pouvait-elle servir? Il faut observer tout d’abord qu’elle a
été faite pour n’être vue que d’un côté : elle est absolument plate par derrière, et comme
elle est, en son milieu, percée d’un trou, il est certain qu’elle devait être clouée sur un fond.
Elle était appliquée ou bien sur la paroi d’un sarcophage de bois5, ou bien contre un mur
vertical, ou bien encore sur un plafond. De ces trois hypothèses, les deux premières me
paraissent devoir être écartées. Quoiqu’il soit difficile d’être affirmatif en présence d’un
objet aussi peu soigné et dont le modelé est aussi sommaire, je doute pourtant qu’on
ait voulu représenter une Sirène crucifiée et exposée en trophée comme on le fait encore
aujourd’hui pour les hiboux dans nos campagnes. Sans doute les bras sont raides, mais
le visage est bien vivant; quant aux pattes, elles sont repliées sur le ventre non pas
comme celles d’un oiseau mort, mais comme celles d’un oiseau qui vole. La Sirène
plane et dès lors sa place naturelle est dans la décoration d’un plafond. On a d’ailleurs
l’exemple de la tombe délia Scimia, à Cliiusi6, où l’on voit, dans un caisson, quatre
Sirènes planant.

Si l’on trouve ainsi des Sirènes dans les sépultures étrusques, si l’on considère d’ailleurs

1. J. Martha, Catalogue des figurines en terre cuite
d’Athènes, n°s 21, 22, 23, 24, 234, 561, 562.

2. Ici c’est la couleur naturelle de la terre cuite qui
lient lieu de jaune.

3. Micali, Mon. Ined. pl. lviii, 1, 3. Annali del Instituto,
1863, p. 337; 1866, p. 418.

4. Ces plaques sont au Louvre. Cf. Annali 1859, p. 325;

1863, p. 341 ; Monumenti. VI, pl. 38-32.

5. Les tombeaux étrusques contenaient souvent des
sarcophages de bois : on en a retrouvé des restes (Dennis,
The Ciliés, II, p. 14, 242,518, 528. Bulletino del lnstituto,
1885, p. 200),

6. Annali, 1866, p. 429-431.
 
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