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Froehner, Wilhelm: Le mariage de Pan: Groupe en terre cuite de la collection de M. Frédéric Spitzer
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0340
LE MARIAGE DE PAN
GROUPE EN TERRE CUITE, DE LA COLLECTION DK M. FREDERIC SPITZER
(Planche 40.)
En publiant cette terre cuite, on a la double joie de passer quelques instants avec un
chef-d’œuvre et d’expliquer un des sujets les plus rares de l’Antiquité figurée. Il y a dix-
huit mois, lorsque j’en fis la description pour le catalogue de M. Spitzer, je ne me
rendais pas un compte exact de l’importance du sujet au point de vue scientifique. Voici
ce que j’en disais. Ce sera ma punition de divulguer moi-même cette page heureuse-
ment inédite :
« Ce groupe, un des plus vivants qui soient venus d’Asie-Mineure, représente une
fête de nuit bachique : Pan, une Nymphe et un petit Amour qui porte un flambeau
allumé. On ne fera pas de tort à Pan en supposant qu’il est ivre; sa tète, ceinte d’une
couronne de fleurs, s’incline sur l’épaule chargée d’une lourde guirlande de roses et de
feuilles d’arbre. Les bras levés symétriquement, il s’avance au pas de danse; sa main
droite tient la syrinx à sept tuyaux, suspendue à une bandelette, sa gauche prend la
main de la jeune fille qu’il entraîne après lui et qui le suit en dansant sur la pointe des
pieds, le corps gracieusement penché en arrière, le hras gauche levé à la hauteur de
l’épaule. Le costume de la Nymphe est très original. Elle est chaussée de brodequins de
chasse; son manteau se déploie en plis profonds et pittoresques ; sa tunique, retenue par
une double ceinture, laisse à découvert l’un des seins, les jambes et les bras, et sur le
devant de la tunique sont fixées deux agrafes qui relèvent l’étoffe pour dégager les genoux.
La Nymphe est couronnée de lierre et de korymbes; son visage, d’une rare beauté,
forme un contraste agréable avec la figure toute sauvage et toute bestiale de Pan. »
« L’Amour, qui conduit les danseurs et porte le flambeau nuptial, a la tête tournée
de face, la chlamyde pliée en écharpe et nouée autour des hanches. Il se met à courir,
pendant que la chèvre bachique, debout sur ses pattes de derrière, se livre, elle aussi,
à la danse, à l’exemple de ses maîtres. L’est la note comique et la pointe d’esprit dans ce
ravissant petit tableau de mœurs d’outre-tombe. »
« Partout des traces de dorure et de coloration sont restées visibles, et le vermeil des
chairs a gardé son entière fraîcheur L »
A la rigueur, on pourrait s’en tenir à cette interprétation sobre et simple. L’idée de
prendre la jeune danseuse pour une Nymphe chasseresse m’avait été suggérée par la lec-
i. Base moulurée. Au revers, deux trous d’évent. — Hauteur : 28 centimètres; largeur : 29 centimètres.
GROUPE EN TERRE CUITE, DE LA COLLECTION DK M. FREDERIC SPITZER
(Planche 40.)
En publiant cette terre cuite, on a la double joie de passer quelques instants avec un
chef-d’œuvre et d’expliquer un des sujets les plus rares de l’Antiquité figurée. Il y a dix-
huit mois, lorsque j’en fis la description pour le catalogue de M. Spitzer, je ne me
rendais pas un compte exact de l’importance du sujet au point de vue scientifique. Voici
ce que j’en disais. Ce sera ma punition de divulguer moi-même cette page heureuse-
ment inédite :
« Ce groupe, un des plus vivants qui soient venus d’Asie-Mineure, représente une
fête de nuit bachique : Pan, une Nymphe et un petit Amour qui porte un flambeau
allumé. On ne fera pas de tort à Pan en supposant qu’il est ivre; sa tète, ceinte d’une
couronne de fleurs, s’incline sur l’épaule chargée d’une lourde guirlande de roses et de
feuilles d’arbre. Les bras levés symétriquement, il s’avance au pas de danse; sa main
droite tient la syrinx à sept tuyaux, suspendue à une bandelette, sa gauche prend la
main de la jeune fille qu’il entraîne après lui et qui le suit en dansant sur la pointe des
pieds, le corps gracieusement penché en arrière, le hras gauche levé à la hauteur de
l’épaule. Le costume de la Nymphe est très original. Elle est chaussée de brodequins de
chasse; son manteau se déploie en plis profonds et pittoresques ; sa tunique, retenue par
une double ceinture, laisse à découvert l’un des seins, les jambes et les bras, et sur le
devant de la tunique sont fixées deux agrafes qui relèvent l’étoffe pour dégager les genoux.
La Nymphe est couronnée de lierre et de korymbes; son visage, d’une rare beauté,
forme un contraste agréable avec la figure toute sauvage et toute bestiale de Pan. »
« L’Amour, qui conduit les danseurs et porte le flambeau nuptial, a la tête tournée
de face, la chlamyde pliée en écharpe et nouée autour des hanches. Il se met à courir,
pendant que la chèvre bachique, debout sur ses pattes de derrière, se livre, elle aussi,
à la danse, à l’exemple de ses maîtres. L’est la note comique et la pointe d’esprit dans ce
ravissant petit tableau de mœurs d’outre-tombe. »
« Partout des traces de dorure et de coloration sont restées visibles, et le vermeil des
chairs a gardé son entière fraîcheur L »
A la rigueur, on pourrait s’en tenir à cette interprétation sobre et simple. L’idée de
prendre la jeune danseuse pour une Nymphe chasseresse m’avait été suggérée par la lec-
i. Base moulurée. Au revers, deux trous d’évent. — Hauteur : 28 centimètres; largeur : 29 centimètres.