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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Raffet
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0026

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22 GAZETTE DES BEAI X-ARTS.

Espagne à continuer, et plusieurs autres beaux projets qui s'ébauchaient
vaguement dans son imagination inépuisable. Mais cette vie, si chère à
l'art, marchait, sans que nul y songeât, vers un dénoûment fatal. Raffet
passa sur les grandes routes la fin de l'année 1859 : il était à Trieste,
le 422 décembre; le 13 janvier suivant, il arrivait à Paris, il restait quel-
ques jours auprès de sa femme et de ses enfants, et confiait à ses amis
ses projets de travaux, ses rêves commencés. Le 9 février, il partit pour
l'Italie où il allait rejoindre à Florence M. le prince Demidoff. Au milieu
du rude hiver dont on se souvient, il traversa le mont Cenis et ses neiges.
Deux jours après, en arrivant à Gênes, il tomba malade : le 16 février,
vers le soir, il était mort.

Le grand artiste, si brusquement arrêté en chemin, laisse une œuvre
considérable1. Les quelques dessins que nous avons cités ne peuvent
donner qu'une idée imparfaite du travail surhumain accompli par Raffet.
A ses vigoureuses lithographies, à ses trop rares eaux-fortes, à ses mille
croquis à la plume, au crayon, à l'aquarelle, il faut ajouter le nombre,
ignoré de l'artiste lui-même, des vignettes qu'il a faites pour l'illustra-
tion de livres, souvent peu dignes de cet honneur. Il a enrichi de ses
dessins Y Histoire de Napoléon, de M. de Norvins, éditée en 1839, et,
n'eût-il crayonné dans les pages que ces têtes de chapitre, il aurait
conquis un rang élevé dans son art, tant il y a d'esprit pittoresque,
de sentiment, de couleur, dans ces compositions charmantes. Il a des-
siné d'un crayon facile, mais toujours rigoureusement exact, les vingt-
quatre petites planches du traité du capitaine Ghatin sur YEserime à la
baïonnette (1854). Il a illustré encore Y Histoire de la Révolution de
Thiers et celle cle Louis Blanc, les œuvres de Chateaubriand etcleWalter-
Scott, Y Histoire d'Espagne de Charles Romey, les chansons de Béranger
et même les romans" de Paul de Kock, et c'est là peut-être le seul repro-
che que j'adresserai au cher artiste, car son talent a dérogé le jour où il
a marié son rare esprit à une prose si peu digne d'être illustrée par un si
vif crayon. A propos de tous ces livres, il nous faut dire aussi, et non
sans tristesse, que les dessins que Raffet a composés pour la gravure sont
en général inférieurs aux libres croquis qu'il a faits pour lui et en vue
de complaire à son propre idéal. On l'a bien vu lors de l'exposition de ses

\. II nous eût été impossible, on le comprend, d'essayer de donner ici une liste,
même incomplète, des œuvres de Raffet. Mais ce que nous n'avons pas voulu tenter,
un autre l'accomplira. Un des plus constants amis de Raffet, M. H. Giacomelli, a réuni
toutes les productions de réminent artiste que regrette l'école moderne, et bientôt sans
doute il nous en donnera, avec l'autorité que lui confèrent une longue amitié et une
étude plus longue encore, le catalogue définitif et complet.
 
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