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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 3
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Clément de Ris, Louis: Le Musée de Grenoble, [2]: musées de province
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0169

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162 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dans sa main gauche et appuie la droite sur le rebord de la fenêtre où
l'artiste a signé son nom tout au long : G. Y. Eeckout F. A° 16AA. Né
en 1 (>"21 Eeckout était donc dans toute la force de son talent et de sa jeu-
nesse quand il fit ce portrait. Il avait vingt-trois ans. Aussi le préféré-je
de beaucoup à un second portrait représentant, dit le livret, Le Grand
pensionnaire Jean de Witt (n°7(5), et qui est daté de 1669, cinq ans avant
la mort du peintre. Ce dernier a bien peu de caractère, et l'on sent en le
contemplant, que l'influence de Rembrandt s'est effacée peu cà peu. Le
Portrait d'homme figurait, avant la Révolution, dans la collection de
M. Poullain où il portait le n° 60. Lors de la vente de cette collection,
faite le 15 mars 1780, parles soins de Lebrun, il fut adjugé au prix de
1000 livres 1 sou au sieur Dulac, évidemment un prête-nom, peut-être de
Lebrun lui-même, de qui M. Audry, son dernier possesseur, aura pu l'ac-
quérir directement.

L'autre élève de Rembrandt, Ferdinand Roi, a passé sa vie à imiter
et un peu à contrefaire son maître. Il faut bien avouer qu'en général il a
eu la main heureuse ; mais je doute qu'il l'ait eu plus que dans le Portrait
de femme de Grenoble (n° 59). C'est une belle Hollandaise de 28 à 30 ans,
vue à mi-corps, de grandeur naturelle. Elle est coiffée d'une toque noire
sur laquelle ondule et se joue la courbe d'une plume blanche. Elle est
tournée à droite et assise près d'une table chargée d'une sphère, d'une
mandoline et d'un hanap haut sur patte, en vieille argenterie flamande.
Rien que ce hanap est un chef-d'œuvre d'exécution. L'effet, l'éclat de ce
tableau, la valeur réciproque des blancs et des noirs du costume, noyés
dans une harmonie vigoureuse et comme dans une atmosphère d'or, le
modelé du visage éclairé par deux yeux limpides, animé par le sang qui
fait battre les ailes du nez et éclate sur la commissure des lèvres, tout,
hormis certaines minceurs de touche dans les méplats des joues qu'il faut
avoir le diable au corps pour constater, tout, clis-je, dans ce portrait, est
aussi beau qu'un Rembrandt. Je le vois encore briller dans le fond cle ma
mémoire comme il brille sur le panneau du musée où on lui a donné à
juste raison une place d'honneur, en pendant au Yan Eeckout. En quelle
année a-t-il été acquis? De qui le tient on? Quels cabinets a-t-il traversés?
Le livret a le tort de ne faire à ces questions aucune réponse.

Le Louvre ne possède pas de tableau du peintre d'intérieurs Delorme.
Je n'en vois pas figurer non plus dans les musées de Madrid, d'Anvers,
de Dresde et d'Amsterdam. Je ne crois pas qu'il y en eût à Manchester, où
pourtant il y avait de tout. Ce n'est pas une grande perte, mais c'est une
perte. A en juger par Y Intérieur d'un temple (n° 71) Delorme était sans
doute un peintre froid, donnant à ses intérieurs d'église moins d'effet que
 
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