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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 4
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Carderera y Solano, Valentín: François Goya: sa vie, ses dessins et ses eaux-fortes
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216 GAZETTE DES BEAtfX-ARTS.

graphes*, était doreur, mais à coup sûr dans une position de fortune mé-
diocre, ne paraît point avoir entravé sa vocation pour la peinture, et il le
laissa, fort jeune encore, en 1758, suivre lescours à l'Académie de dessin
de Saint-Louis à Saragosse, sous la direction de don José de Lujan.

Quelques années plus tard, nous retrouvons Goya à Madrid, en com-
pagnie du peintre François Bayeu de Subias, un de ses condisciples à
l'atelier de Lujan; mais l'école de Raphaël Mengs, alors en pleine vogue,
n'offrait point assez d'éléments à la complexion déjà vigoureuse du jeune
Aragonais, je veux dire à son tempérament pittoresque, et il partit un
beau jour pour l'Italie, grâce aux sacrifices de sa famille, et non point
comme pensionnaire du gouvernement. On ne se douterait guère, en par-
courant l'œuvre de Goya, ni des paysages nouveaux qu'il put voir en Ita-
lie, ni des maîtres de pleine décadence qu'il dut avoir pour camarades,
ni des chefs-d'œuvre toujours jeunes qu'il y put admirer ou copier. Nul
peintre n'a su tracer un sillon plus personnel, et se dégager aussi com-
plètement de l'influence des premières leçons. Et cependant un docu-
ment que M. Paul Mantz a déterré^ dans un numéro duMercure de France
de janvier 1772, nous fournit la preuve irrécusable que, dans le siècle et
dans la patrie des chevaliers Gorvi, des Concas et des Trevisani, Goya
sacrifia, comme tous les autres, à l'autel de la peinture académique. « Le
27 juin dernier, l'Académie royale des beaux-arts de Parme tint sa séance
publique pour la distribution des prix. Le sujet de peinture était Annibal
vainqueur qui, du haut des Alpes, jette ses premiers regards sur les cam-
pagnes d'Italie... Le second prix de peinture a été remporté par M.Fran-
çois Goya, Romain, élève de M. Vajeu, peintre du roi d'Fspagne.

a L'Académie a remarqué avec plaisir dans le second tableau un beau
maniement de pinceau, de la chaleur d'expression dans le regard d'An-
nibal, et un caractère de grandeur dans l'attitude de ce général. Si
M. Goya se fut moins écarté dans sa composition du sujet du programme
et s'il eût mis plus de vérité dans son coloris, il aurait balancé les suf-
frages pour le premier prix. » Goya paraît avoir été guéri à tout jamais,
par cette mésaventure académique, du désir de s'exposer à de nouveaux
concours, et rappelé en Espagne par sa famille qu'il adorait et qui ne
pouvait continuer plus longtemps ses sacrifices, il partit de Rome laissant
gravé, dans la mémoire des jeunes artistes et sur la pierre des monuments,
le souvenir du plus fantasque et du plus hardi compagnon. Un jour, il

venu contredire la dale précise que donne M. Valentin Carderera, nous croyons à une
erreur de la part des témoins, qui ne connaissaient peut-être l'artiste que depuis son
séjour à Bordeaux. Pu. B.

I. Goya, par M, Laurent Matheron. Paris, 1858
 
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