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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 5
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Thoré, Théophile: Exposition de tableaux de l'école française ancienne tirés de collections d'amateurs
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0286

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EXPOSITION DE TABLEAUX DE L'ÉCOLE FRANÇAISE. 277

derrière la vitre, on aperçoit la tête curieuse d'un jeune amoureux1. »

Pensez qu'il y a une incorîimensurable distance entre l'œuvre de
Watteau et celle de Pater! Watteau est un grand peintre, outre qu'il est
inventeur et original; Pater n'est qu'un copiste, Un enlumineur leste et
gentil. Les petites babioles qu'il imite de Watteau n'ont d'intérêt qu'à la
condition d'être imprégnées d'art; j'entends à la fois dans le style ou le
caractère et dans la qualité de l'exécution. N'est-ce pas lace qui fait que
les Hollandais comme Brouwer, Ostade, Steen, deHooch, Terburg, Metsu
et autres sont des maîtres et que leurs œuvres si simples ou si triviales
existent cependant, à juste titre, à côté des nobles œuvres de l'art italien?

Voyant les raffinés exalter quelques peintres du x\iiie siècle, Watteau
et Chardin par exemple, et à un autre degré Boucher et Fragonard, voilà
que la foule des amateurs, croyant agir dans le même sens, a soulevé
jusqu'à une hauteur démesurée la plupart des peintres de la même école.
Parce que Watteau vaut 10,000, 25,000, 50,000 francs, ce n'est pas une
raison pour que Pater en vaille la moitié. La réhabilitation de l'école du
xviii* siècle concerne les maîtres uniquement, et la hausse factice de
leurs imitateurs ne sera que passagère. Chardin n'est pas encore à son
prix; Pater, Lancret et bien d'autres sont au delà, car leurs œuvres sont
des objets de luxe plutôt que des objets d'art. La hiérarchie légitime n'est
pas encore bien réglée parmi ces nouveaux ressuscités. Plusieurs exhibi-
tions comme celle du boulevard aideraient à déterminer les places qui
appartiennent à chacun d'eux. 11 faut espérer que cette exposition sera la
première d'une série où nous verrons successivement tous les trésors que
renferment les collections particulières, non-seulement de Paris, mais de
la France.

W. BÙRGER.

1. Galerie d'Arenbercj, p. 178. \ vol. in-18, Bruxelles et Leipzig. 1859.

(La suite au prochain numéro')

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