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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 5
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W., Aloysius: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0321

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312

GAZETTE DES B EAUX-AKTS.

par l'architecte Wiegmann, et l'on a dansé jusqu'au soir. Le dernier jour, la fête s'est
prolongée beaucoup plus tard, et son caractère a été vraiment artistique : la musique
et la poésie, Shakspeare, Tieek et Mendelssohn en ont fait les frais. Le lendemain,
les artistes, dont le nombre était déjà fort diminué, se sont encore une fois réunis
dans une grande promenade aux ruines de Rolandseck.

Le bon accord qui ne cesse de régner, dans ces grandes réunions annuelles, entre
les artistes venus de toutes les parties de l'Allemagne et appartenant à des écoles diffé-
rentes, les sentiments de véritable confraternité qui paraissent les animer, quelque di-
verses que soient leurs tendances et quoique, en d'autres temps, les rivalités nationales,
aussi bien que celles de l'art, ne soient pas sans effet sur eux, montrent assez les
progrès obtenus par les sociétés d'art [Kimstvereine), depuis qu'elles travaillent sin-
cèrement à un rapprochement. Si elles persévèrent, l'Allemagne atteindra à l'unité, qui
est son rêve, dans l'art plus tôt que dans la politique. Les dissensions qui, à Dusseldorf
même, dans les dernières années, avaient créé deux partis en hostilité permanente, se
sont calmées peu à peu, et paraissent entièrement éteintes. Déjà au momentoù l'ancien
et vénéré directeur, M. de Schadow, se retira, les deux partis s'étaient réunis pour lui
exprimer les sentiments de respect, d'estime et d'affection que lui avaient voués plu-
sieurs générations d'artistes successivement initiées par lui au culte de l'art. Le nouveau
directeur, M. Bendemann, était un des plus anciens et des plus chers élèves de M. de
Schadow, venu avec lui à Dusseldorf, lorsqu'il remplaça Cornélius ; en revenant pour
succéder à son maître, dans cette ville où il avait passé sa jeunesse et obtenu ses pre-
miers succès, sa tâche eût été des plus pénibles, s'il avait trouvé les Académiques tou-
jours en défiance vis-à-vis des peintres de la jeune école, et ceux-ci toujours prêts à
faire opposition à leurs devanciers. Il n'en a pas été ainsi ; l'arrivée de M. Bende-
mann a achevé de tout pacifier. Sous sa direction, ni les jeunes gens n'ont à craindre
que l'on étouffe en eux de généreuses aspirations, ni les maîtres à redouter de
voir leur autorité et leurs exemples méconnus. Genus irritabile vatum : les artistes,
comme les poètes, sont une race irritable; mais quand les colères de l amour-propre se
sont calmées, ils se rendent justice, et il en est peu parmi eux qui n'admirent alors, au
fond de l'âme, ce que d'autres ont rencontré en suivant des voies différentes. Les nova-
teurs les plus hardis, après un peu de temps, découvrent des beautés dans les œuvres
qu'ils dédaignaient, et les plus obstinés défenseurs de la tradition ne restent pas tou-
jours devant les productions inattendues de ces nouveaux venus, comme la poule qui
crie et bat des ailes pour rappeler à elle la couvée étrangère qui lui échappe.

Aloysius W***.
 
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