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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 6
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Blanc, Charles: M. Frédéric de Mercey
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0385

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M. FRÉDÉRIC DÉ MERCEY. 375

ouvrages d'art, les cérémonies et les fêtes publiques. Connaissant donc
par une longue pratique tout ce qui avait affaire à lui, M. de Mercey était
arrivé cà ce point qu'il ne pouvait plus guère se tromper ni sur les
personnes ni sur les choses. Il n'y avait pas un atelier dans Paris qu'il
n'eût visité, pas une exposition qu'il ne sût par cœur, pas un caractère
qu'il n'eût éprouvé, pas une position dont il ne connût le fort et le faible.
Ajoutez que, peintre lui-même, exercé à la critique et devenu excellent
juge en matière d'art, il était de longue main dans le secret de tous les
talents. Le seul fait de s'être maintenu si longtemps en place, en dépit de
tant de révolutions et d'évolutions, prouve combien était précieuse, aux
yeux de tout le monde, cette compétence que M. de Mercey avait acquise
par l'intelligence, par l'exercice et par le temps. En le voy ant servir tour
à tour plusieurs régimes, on aurait pu croire qu'il achetait sa faveur par
la souplesse de ses manières ou de son esprit : rien de plus faux. La
dignité était le trait le plus saillant de son caractère; et une dignité qui
allait quelquefois jusqu'à la roideur. Personne n'était plus impropre au
rôle de courtisan, et nous l'avons vu, sous la république comme sous
l'empire, très-peu soucieux de llatter les puissants, très-froid pour toutes
les manifestations que d'autres eussent fait servir avec ardeur à leur
avancement. Et il avait d'autant plus de mérite à garder cette attitude,
qu'il ne manquait pas d'ambition; mais il eût tout sacrifié plutôt que de
laisser entamer sa dignité personnelle, qui se confondait dans sa pensée
avec la dignité de sa place, et sa démission était toujours prête dès qu'il
s'agissait d'amoindrir ses attributions, de porter atteinte aux préroga-
tives, à l'honneur de son emploi.

La capacité de M. de Mercey, comme administrateur, se révélait plu-
tôt lorsqu'il avait la plume à la main. La parole le trahissait souvent et
l'embarrassait; mais il avait le talent d'écrire, et le style de ses lettres,
de ses rapports, était précis, lumineux, ferme et d'une sobre couleur.
Ces qualités se retrouvent, avec plus d'éclat et d'abandon, dans les
nombreux articles qu'il écrivit pour la Revue des Deux Mondes, et dans
ses livres, où l'art tient toujours une grande place, alors même que l'in-
tention en est purement littéraire. Avant d'entrer au ministère de l'inté-
rieur comme chef du bureau des beaux-arts, il avait voyagé, alors que
les voyages étaient moins fréquents qu'ils ne le sont aujourd'hui ; il avait
visité toute l'Italie, le Tyrol, la Bavière; il visita ensuite toute l'Alle-
magne, les Pays-Bas, l'Ecosse, l'Irlande, et il prit connaissance des litté-
ratures étrangères, assez pour en colorer son érudition ; mais c'était le
critique surtout et le peintre qui voyageaient en lui. Les écoles qu'il
devait juger, il les étudia sur place dans leurs villes natales, dans leurs
 
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