MISSION D'ASIE MINEURE. 59
Quittons maintenant la Pierre-Ecrite, où nous nous sommes arrêtés
trop longtemps. Nous devons nous rendre à Euyuk. Là, d'autres monu-
ments, d'un intérêt égal peut-être, réclament notre attention.
Euyuk, découvert il y a vingt-six ans par Hamilton (17 août 1S3(5),
et visité par M. Barth, qui a deviné plutôt qu'étudié ce problème
archéologique, Euyuk, disons-nous, se compose de vingt-cinq ou trente
maisons turques, dispersées sur un monticule quadrangulaire élevé de
dix mètres environ au-dessus du niveau de la plaine. Ce monticule, évi-
demment artificiel, se rattache de trois côtés à la plaine par des
talus doucement inclinés, qui recouvrent probablement les débris d'un
édifice dont le quatrième côté, celui du sud, nous montre la façade. Ici,
du milieu d'un amas de ruines, s'élève une porte monumentale dont
l'énorme linteau est tombé. Ce qui en reste semble accuser une double
influence, celle de l'Egypte et celle de l'Assyrie. L'Egypte s'y fait recon-
naître dans deux sphinx de deux mètres et demi de hauteur, sphinx
debout dont la tète est couverte de cette espèce de chaperon, qui, sur les
bords du Nil, leur sert de coiffure. Engagés dans les blocs de granit qui
forment les deux jambages de cette porte, ils nous rappellent les tau-
reaux à face humaine placés à l'entrée des palais de Ninive, comme un
syrmbole de gloire et de puissance. Cette porte monumentale paraît avoir
servi de communication entre deux vestibules, l'un intérieur, l'autre
extérieur, qu'il fallait traverser avant de pénétrer dans les appartements
de ce palais, palais assyrien, comme on verra plus loin.
Un lion qui dévore un bélier (?) se présente à quelque distance de
cette façade. 11 est taillé dans un bloc de deux mètres de long. La partie
antérieure est en ronde bosse, tandis que le reste du corps, engagé
dans la pierre comme les taureaux de Ninive, se dessine en bas-relief sur
un des côtés. Ce lion tient l'imagination en éveil, et, soit qu'il ait orné
le palier du palais, soit qu'il ait fait partie d'une avenue monumentale,
comme celles qui précédaient les temples de l'Egypte ou le temple
d'Apollon Branchide, dans le- voisinage de Milet, il nous avertit de l'im-
portance du monument près duquel on l'a trouvé.
De gros blocs de granit, placés à droite et à gauche de la porte d'en-
trée, formaient les premières assises de la façade. Douze bas-reliefs ani-
maient ces blocs, bas-reliefs énigmatiques. Ces trois personnages, dont
l'un semble souiller dans je ne sais quel instrument, tandis que ses
compagnons (auprès de lui de vrais pygmées) montent à l'échelle; ce
Figaro asiatique, qui porte une espèce de guitare suspendue au col; cet
1. HesearcheSj etc., L I, p. 382.
Quittons maintenant la Pierre-Ecrite, où nous nous sommes arrêtés
trop longtemps. Nous devons nous rendre à Euyuk. Là, d'autres monu-
ments, d'un intérêt égal peut-être, réclament notre attention.
Euyuk, découvert il y a vingt-six ans par Hamilton (17 août 1S3(5),
et visité par M. Barth, qui a deviné plutôt qu'étudié ce problème
archéologique, Euyuk, disons-nous, se compose de vingt-cinq ou trente
maisons turques, dispersées sur un monticule quadrangulaire élevé de
dix mètres environ au-dessus du niveau de la plaine. Ce monticule, évi-
demment artificiel, se rattache de trois côtés à la plaine par des
talus doucement inclinés, qui recouvrent probablement les débris d'un
édifice dont le quatrième côté, celui du sud, nous montre la façade. Ici,
du milieu d'un amas de ruines, s'élève une porte monumentale dont
l'énorme linteau est tombé. Ce qui en reste semble accuser une double
influence, celle de l'Egypte et celle de l'Assyrie. L'Egypte s'y fait recon-
naître dans deux sphinx de deux mètres et demi de hauteur, sphinx
debout dont la tète est couverte de cette espèce de chaperon, qui, sur les
bords du Nil, leur sert de coiffure. Engagés dans les blocs de granit qui
forment les deux jambages de cette porte, ils nous rappellent les tau-
reaux à face humaine placés à l'entrée des palais de Ninive, comme un
syrmbole de gloire et de puissance. Cette porte monumentale paraît avoir
servi de communication entre deux vestibules, l'un intérieur, l'autre
extérieur, qu'il fallait traverser avant de pénétrer dans les appartements
de ce palais, palais assyrien, comme on verra plus loin.
Un lion qui dévore un bélier (?) se présente à quelque distance de
cette façade. 11 est taillé dans un bloc de deux mètres de long. La partie
antérieure est en ronde bosse, tandis que le reste du corps, engagé
dans la pierre comme les taureaux de Ninive, se dessine en bas-relief sur
un des côtés. Ce lion tient l'imagination en éveil, et, soit qu'il ait orné
le palier du palais, soit qu'il ait fait partie d'une avenue monumentale,
comme celles qui précédaient les temples de l'Egypte ou le temple
d'Apollon Branchide, dans le- voisinage de Milet, il nous avertit de l'im-
portance du monument près duquel on l'a trouvé.
De gros blocs de granit, placés à droite et à gauche de la porte d'en-
trée, formaient les premières assises de la façade. Douze bas-reliefs ani-
maient ces blocs, bas-reliefs énigmatiques. Ces trois personnages, dont
l'un semble souiller dans je ne sais quel instrument, tandis que ses
compagnons (auprès de lui de vrais pygmées) montent à l'échelle; ce
Figaro asiatique, qui porte une espèce de guitare suspendue au col; cet
1. HesearcheSj etc., L I, p. 382.