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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 14.1863

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Nr. 3
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Blanc, Charles: "La Noce", gravée par M. Paul Girardet, d'après M. Brion, en pendant à la "Cinquantaine", d'après M. Knaus: gravures
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https://doi.org/10.11588/diglit.17333#0295

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GRAVURES

La Noce, gravée par M. Paul Girardet, d'après M. Brion, en pendant à
la Cinquantaine, d'après M. Knaus. — Paris, Goupil et O; 1863.

d'ailleurs, ne sert pas seulement à bien composer le tableau, à choisir le moment de
l'action , l'heure du jour et les circonstances environnantes, à nuancer la pantomime,
à caractériser les types et les mœurs; il sert également à exprimer, par les allures du
pinceau, des intentions qui autrement seraient inexprimables. ïéniers est spirituel
jusque dans le moindre accessoire : on reconnaît son intelligence futée, sa malicieuse
bonhomie à la façon dont il fait reluire un chaudron, dont il rehausse un pot de grès,
dont il touche un verre, une pipe, une charge accrochée au mur. Oui, c'est l'esprit qui
fait les peintres de genre excellents, les ïéniers, les Jean Steen,les Metsu. Ace compte,
nos Français, je l'espère, atteindront quelque jour au premier rang de la faveur, et
leurs petits ouvrages précieusement, spirituellement exécutés, seront payés des prix
fous, comme le sont déjà les Meissonier.

Mais il y a maintenant dans nos habitudes, dans nos coutumes et dans nos cos-
tumes, je ne sais quelle prose qui répugne aux artistes. Presque tous ils ont pris le
parti de représenter les hommes d'aujourd'hui sous les habits d'autrefois, ou bien de
chercher des physionomies locales et des costumes originaux au fond de nos vieilles
provinces, là où le vieil esprit des vieux jours proteste encore contre la division de la
Fiance en quatre-vingt-six départements. Celui-ci, comme Fortin, a conquis et
occupé la Bretagne, non pas celle des villes, qui est en habit noir, mais celle des
bourgs et des côtes, la Bretagne des Bretons bretonnants. Ceux-là, comme Hédouin et
Leleux, sont allés à la découverte du pays basque et nous ont bien fait voir qu'il y
avait par là des Pyrénées. Tel autre, comme M. Brion, a exploité l'Alsace et en a rap-
porté des peintures naïves, pleines de saveur et de grâce; je parle de cette grâce à
moitié allemande qui ne procède pas de l'esprit, mais qui vient tout bonnement du
cœur. Dans la géographie de notre art, l'Alsace est restée une province des plus
curieuses, et M. Brion n'a eu besoin que de trois tableaux pour nous la montrer aussi
originale qu'elle l'est encore, deux siècles après l'invasion de Louis XIV. La Bénédic-
tion nuptiale, la Noce, le Repas de noce sont les trois morceaux qui composent la
trilogie des mœurs de l'Alsace. La Noce est le plus important des trois, parce qu'elle
se passe en plein air, dans les rues d'un village, sous un ciel septentrional qui est en
harmonie avec la blonde population qu'il s'agissait de peindre. Vieillards, femmes,
enfants, jeunes garçons, jeunes fdles, et les animaux du pays, et l'architecture du cru,
tout est représenté à la fois dans ce ravissant tableau, mais en un jour de fête et de
gai soleil , à un moment où les figures s'épanouissent, où chacun pense avec un sou-
rire au bonheur présent, ou avec un soupir au bonheur passé, de sorte que la mélan-
colie même y est heureuse :

n temps viendra, j'imagine, où nos peintres de genre auront autant et
peut-être plus de réputation que les maîtres hollandais, et seront encore
plus estimés. Ce n'est pas peu de chose, en effet, lorsqu'on représente
des scènes familières, que d'avoir de l'esprit et d'y en mettre. L'esprit,
 
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