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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 14.1863

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Nr. 6
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Livres d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.17333#0566

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LIVRES D'ART

Souvenirs de Soixante Années, par E. Delécluze. — Paris, Michel

Lévy; 1862.

n lisant les Salons et les divers articles des beaux-arts publiés dans le
Journal des Débats par M. Delécluze, il n'est personne qui n'ait été
frappé du parfum de bonne foi qui s'en dégage. Les esprils même les
plus hostiles à la cause que défend l'écrivain se plaisent à saluer en
lui un critique convaincu, rendent hommage a la solidité de ses jugements, assis sur
une science positive, et lui savent gré de la bienveillance par laquelle il tempère la
rigidité de ses principes. Le secret de ces qualités bien rares se trouve dans le nou-
veau livre de M. Delécluze, Souvenirs de soixante années. En revenant sur sa vie
passée, l'auteur semble s'être proposé surtout do raconter l'histoire de sa vie intellec-
tuelle. On assiste au développement progressif de son esprit, on le suit dans les
milieux où il a puisé ses forces, on traverse avec lui les courants d'hommes et d'idées
qu'il a traversés pendant plus d'un demi-siècle. Né en 1781, à peine adolescent quand
se déroulèrent les drames de la Terreur, M. Delécluze fait ressortir avec justice un
des malheurs de ces temps, l'absence forcée d'éducation pour toute une génération
de Français. Une telle lacune n'a pu être comblée que par l'effort de la volonté indi-
viduelle, et c'est en effet à lui seul, à une énergie pleine d'initiative et de persévé-
rance que le jeune Élienne dut'sa première instruction. Il fut son professeur de latin,
il fut son professeur de grec, et s'accrochant à toutes les branches, ici avec le pré-
cepteur d'un enfant de ses voisins, là avec des amis auxquels il communiquait son
désir d'apprendre, il en vint à compléter, sans le secours du collège, des études litté^-
raires véritablement fortes et sérieuses.

En 1796, Élienne Delécluze entra à l'atelier de David. Il se reposait des leçons du
maître en étudiant Pline l'Ancien, en traduisant Homère, Démosthène et Sophocle,
obéissant ainsi à l'impulsion générale qui poussait tous les esprits du temps vers l'an-
tiquité, impulsion provoquée par la découverte de Pompéi et d'IIerculanum, et l'étude
plus attentive des temples de Pœstum et des ruines d'Athènes.

Ainsi formé à cette robuste école, encouragé par l'enseignement et l'exemple de
David, l'esprit d'Étienne put traverser sans danger le courant Scandinave qui prenait
 
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