GAZETTE DES BEAUX-ARTS
des antiques, celui des vases grecs, celui des dessins, celui...? Arrêtons-nous. Mieux
vaut suivre Dick Moon et son compagnon dans les galeries où le premier admire,
tandis que le second démolit. « C'est ici, dit ce dernier, qu'on s'apprend à faire de
l'art avec de la philosophie et à s'inspirer du doute, l'idée sèche par excellence... Vous
me parliez de nos catalogues et du caractère encyclopédique de nos collections : oui,
ces arrangements sont rationnels, et ces notices d'admirables résumés de critique et
d'érudition; chacun devrait les étudier et puiser là l'histoire de l'art que nous exer-
çons. Mais la jeunesse ne voudra jamais apprendre et viendra toujours copier. C'est
pourquoi, maintenant qu'on a des catalogues et des appréciations saines pour éclairer
les esprits, on ferait bien, dans l'intérêt actuel de l'art, on ferait bien de lessiver toutes
ces vieilleries ! »
« Et pourtant, ajoute le Sphinx, — car les sphinx ont du bon,— en 1848 une bande de
gredins menaçait nos galeries : j'ai passé deux nuits couché sur les parquets du Musée,
avec un fusil entre les bras, pour défendre jusqu'à la mort ce que ma raison proscrit;
je n'y mettrais pas le feu sans l'éteindre de mes larmes. »
Il y a beaucoup à gagner, on le voit, à faire son tour de France avec un Anglais
léon l a g r a x g e.
DEUXIÈME EXPOSITION DE TABLEAUX MODERNES
AU CERCLE DE L'UNION ARTISTIQUE.
b cercle de la rue de Choiseul, qui s'appelle officiellement l'Union dr-
astique, n'est point un de ces lieux de réunion banale dont le jeu est
l'unique raison d'être; on y fait d'excellente musique, on y organise
des représentations théâtrales, enfin chaque année on invite l'élite
des amateurs parisiens à y venir regarder un choix discret d'excellents tableaux
modernes.
Chacun des membres de ce Cercle, qui s'est recruté au principe parmi l'élite
de nos artistes en renom, a droit à exposer ses productions. Cette année, le Salon
officiel ayant, à ce qu'il parait, prélevé le dessus du panier, le comité a craint que
cette exposition intime ne fût ou trop inférieure ou trop peu garnie, et chaque membre
a été autorisé à présenter deux toiles, deux dessins, deux œuvres d'art importantes
appartenant à lui ou à ses amis. Un grand nombre de ces messieurs ont délégué
leurs pouvoirs à M. Francis Petit, et le résultat n'en a été que plus satisfaisant. Per-
des antiques, celui des vases grecs, celui des dessins, celui...? Arrêtons-nous. Mieux
vaut suivre Dick Moon et son compagnon dans les galeries où le premier admire,
tandis que le second démolit. « C'est ici, dit ce dernier, qu'on s'apprend à faire de
l'art avec de la philosophie et à s'inspirer du doute, l'idée sèche par excellence... Vous
me parliez de nos catalogues et du caractère encyclopédique de nos collections : oui,
ces arrangements sont rationnels, et ces notices d'admirables résumés de critique et
d'érudition; chacun devrait les étudier et puiser là l'histoire de l'art que nous exer-
çons. Mais la jeunesse ne voudra jamais apprendre et viendra toujours copier. C'est
pourquoi, maintenant qu'on a des catalogues et des appréciations saines pour éclairer
les esprits, on ferait bien, dans l'intérêt actuel de l'art, on ferait bien de lessiver toutes
ces vieilleries ! »
« Et pourtant, ajoute le Sphinx, — car les sphinx ont du bon,— en 1848 une bande de
gredins menaçait nos galeries : j'ai passé deux nuits couché sur les parquets du Musée,
avec un fusil entre les bras, pour défendre jusqu'à la mort ce que ma raison proscrit;
je n'y mettrais pas le feu sans l'éteindre de mes larmes. »
Il y a beaucoup à gagner, on le voit, à faire son tour de France avec un Anglais
léon l a g r a x g e.
DEUXIÈME EXPOSITION DE TABLEAUX MODERNES
AU CERCLE DE L'UNION ARTISTIQUE.
b cercle de la rue de Choiseul, qui s'appelle officiellement l'Union dr-
astique, n'est point un de ces lieux de réunion banale dont le jeu est
l'unique raison d'être; on y fait d'excellente musique, on y organise
des représentations théâtrales, enfin chaque année on invite l'élite
des amateurs parisiens à y venir regarder un choix discret d'excellents tableaux
modernes.
Chacun des membres de ce Cercle, qui s'est recruté au principe parmi l'élite
de nos artistes en renom, a droit à exposer ses productions. Cette année, le Salon
officiel ayant, à ce qu'il parait, prélevé le dessus du panier, le comité a craint que
cette exposition intime ne fût ou trop inférieure ou trop peu garnie, et chaque membre
a été autorisé à présenter deux toiles, deux dessins, deux œuvres d'art importantes
appartenant à lui ou à ses amis. Un grand nombre de ces messieurs ont délégué
leurs pouvoirs à M. Francis Petit, et le résultat n'en a été que plus satisfaisant. Per-