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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 14.1863

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Nr. 5
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Deuxième exposition de tableaux modernes au cercle de l'Union artistique
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https://doi.org/10.11588/diglit.17333#0490

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EX POSITION DU CERCLE DE L'UNION ARTISTIQUE. Z,77

sonne ne sail aussi bien que M. Francis Petit dans quelle galerie ou dans quel cabinet
sont les bons morceaux, et ce qu'il faut dire à leurs possesseurs pour les décider à s'en
séparer momentanément. Personne encore ne sait résister avec plus de tact aux. exi-
gences importunes, ni enfin disposer avec plus d'habileté les élém ents d'une exhibition
provisoire.

Cette exposition est donc supérieure, et par le nombre et par le choix, à celle à
laquelle la Gazelle a consacré, l'an dernier, une courte étude1 ; les maîtres s'y montrent
avec plus d'autorité, et si nous n'avons point assez de place pour exposer longuement
les jugements que la réflexion nous dicterait sur l'ensemble de leur œuvre, nous pro-
filerons au moins de cette heureuse occasion de décrire quelques fragments de ces
œuvres mômes. Le côté le plus immédiatement pratique de ces sortes d'exhibitions
n'est-il pas de remettre en lumière, en les réunissant comme le ferait un keepsake, les
productions de notre temps dispersées çà et là comme les pages d'un livre qui s'im-
primerait au jour le jour?

Le côté gauche de la première travée de la galerie est uniquement consacré aux
aquarelles et aux dessins. A la place d'honneur est accrochée une sépia magistrale de
M. Ingres, représentant en camée, imité presque jusqu'au trompe-l'œil, l'Apothéose
de Napoléon Ier. Je ne pense pas qu'il reste rien à dire dans ce recueil sur le style et
l'exécution de M. Ingres. Le témoignage de mon admiration pour ce dessin, qui devrait
figurer au Luxembourg, ne serait que de peu de poids. Au reste, ce carton définitif ou
cette réduction colorée du plafond de l'JIôtel de ville est comme dépaysée au milieu
de ce qui l'entoure. Les dessins un peu compassés de M. Bida ne sont qu'une transi-
tion insuffisante pour arriver aux brillantes gouaches de M. Eugène Lami, aux lavis
éclatants de M. Ziem.

Louis XI à la Bastille, scène tirée de la Noire-Dame de Paris, est une des meil-
leures compositions historiques de M. Meissonier, et le Peintre el les Visiteurs est un
véritable chef-d'œuvre d'aquarelle, pour ne parler tout d'abord que de F exécution*.

Imaginez l'atelier d'un peintre du milieu du siècle dernier. Au mur sont accrochées
ses études ou ses esquisses : un Cavalier d'après Parrocel, un Martyre de saint Laurent
et les Oies du père Philippe. Trois visiteurs ont forcé la porte de l'artiste, et le regar-
dent peindre : un financier en veste de velours rouge, commodément établi dans un
fauteuil; un critique, adossé au paravent de cuir, tenant suspendue une prise de tabac
qu'il aspirera avec componction lorsqu'il aura formulé un conse il ; un troisième person-
nage, le marchand dé tableaux peut-être qui, plus modeste, mais non moins gênant, se
penche en avant et intercepte le jour. Le peintre, une nature intelligente, au visage
fin et nerveux, modèle en ce moment les jambes d'une nymphe au bain. Tout ce
monde le gène, l'obsède, l'étouffé; il fronce le sourcil, il pince sa lèvre; son pied se
crispe dans sa pantoufle; pour un peu, il jetterait sa palette à la tête de ces maudits
importuns.

Tout cela, et bien plus que je n'en dis, est exprimé avec une rare bonhomie et
peint de main de maître, et l'ensemble a plus d'harmonie et de solidité que bien des
peintures à l'huile.

1. Voir la Gazette des Beaux-Arts, 1er semestre de 1802, p. 05 et 90.

2. Cette aquarelle, qui n'a pas moins de .'13 centimètres de hauteur sur 27 de largeur,
appartient à M. Joseph Fan. Elle est signée, sur un carton, du

1700 (sic).
 
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