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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 14.1863

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Nr. 3
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Galichon, Émile: Pierre-Alexandre Tardieu: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.17333#0224

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216

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

en Belgique, où la fortune l'appelait, il refusa de l'y suivre, dans la
crainte de voir s'évanouir le rêve de son enfance.

Son premier maître fut son oncle, Jacques-Nicolas Tardieu ; puis,
en 1773, il entra dans l'atelier de Wille, qui jouissait alors de la faveur
publique. Ce fut là qu'il connut intimement Bervic, qui, dans le concours
pour le grand prix de gravure, ne l'emporta sur lui que d'une seule
voix. Les premiers essais de Tardieu furent des copies qu'il fit d'après
des estampes de Nanteuil et de Goltzius, pour assouplir sa main en lui
donnant toute la netteté et toute la fermeté désirables. Il était encore
jeune lorsque ses portraits du Duc de Montmorency et de Henri IV en
buste lui valurent les suffrages les plus flatteurs, et particulièrement
celui de Beaumarchais, qui lui donna à graver, d'après une peinture de
Largillière, le Portrait de Voltaire jeune. Le talent considérable dont
il fit preuve pour rendre la physionomie vive et spirituelle du philo-
sophe, ainsi que la perfection avec laquelle il sut indiquer la nature des
étoffes, lui attirèrent de grands éloges de la part de Beaumarchais, sur-
pris du savoir que, si jeune encore, il montrait en un art dont la pratique
est si difficile à acquérir. L'année suivante, en 1784, Tardieu terminait,
d'après Houdon, un Buste de Voltaire qui témoigne, de la part du gra-
veur, une intelligence peu commune unie à une grande habileté de
main. Quelques années après, il livrait au public un Henri IV en pied,
d'après Fourbus. Alexandre Tardieu sentit qu'il avait fait enfin œuvre
de maître, et la délicatesse de son âme lui faisait un devoir d'en reporter
l'honneur à celui qui l'avait autrefois guidé de ses conseils. Le 23 juin
1788, veille de la Saint-Jean, il alla offrir à Wille, pour sa fête, son es-
tampe de Henri IV, qui fut trouvée joliment gravée '.

En ce moment, Dureront, peintre en miniature de la cour, achevait le
portrait de Marie-Antoinette. Cette peinture était assez médiocre, mais
les intentions puériles qui avaient guidé la main de l'artiste avaient
rendu cette œuvre chère à la reine, qui désira qu'elle fût gravée avec
soin. Les derniers travaux de Tardieu avaient appelé l'attention sur lui,
et il fut choisi pour reproduire ce portrait. Mais déjà commençait la tour-
mente révolutionnaire et les événements se succédaient avec une rapi-
dité effrayante. Les États généraux, l'Assemblée nationale, l'Assemblée
législative avaient cessé d'être, et la Convention, après la mort de
Louis XVI, régnait avec la terreur, quand Tardieu travaillait encore à sa
planche. Étranger à la politique, il poursuivait tranquillement sa tâche,
espérant des temps plus heursux, lorsqu'il vit entrer dans son atelier

•I Mémoires cl journal, (tu J.-Gi Wille, publiés pur M. Georges Duplessia
 
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