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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 14.1863

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Salon de 1863, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17333#0520

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506

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Willems se relève : il avait adopté un instant une manière sèche
et crayeuse qui n'était rien moins qu'agréable. La Veuve et la Présenta-
tion du futur sont de jolis tableaux, un peu trop sages peut-être.
M. Comte, qui se plaît toujours aux historiettes, a peint, entre autres
choses, Louis XI se délectant à voir de petits chiens pourchasser des rats.
La scène est bien disposée, les détails sont amusants; mais par quelle
inspiration malheureuse l'auteur s'est-il complu à donner tant de valeur
au rayon lumineux qui vient découper sur le carreau son losange
doré? Cette prédominance de l'accessoire est d'ailleurs un défaut fré-
quent chez M. Comte.

Nous n'attachons pas une importance considérable aux archéologies
de M. Tissot, quoique nous sentions bien tout ce que des tableaux comme
les siens doivent coûter de peines et de patientes recherches. Le Départ
est une scène vénitienne de la fin du xve siècle. Est-il utile de dire que
M. Tissot s'y montre très-inférieur à Bellini et à Carpaccio? Tout est clair
dans sa peinture, et malheureusement tout est si bien fait que les toi-
tures des palais voisins, les barques pavoisées, les étoffes de brocart, les
chaperons empanachés sont aussi amusants pour le regard que les per-
sonnages eux-mêmes. Dans le tableau qui s'intitule le Départ du fumcé
et qui montre une compagnie allemande se mettant en route, les ligures
conservent du moins sur le paysage la valeur qu'elles doivent avoir tou-
jours. Le Retour de Venfant prodigue est aussi un tableau qui révèle un
talent véritable. Mais comment M. Tissot ne s'aperçoit-il pas qu'il va trop
avant dans le domaine de l'érudition pure? L'élément humain disparaît
dans ces résurrections qui trahissent l'effort, et qui ne sont après tout
que l'apothéose de la curiosité et le triomphe du bric-à-brac.

Nous arrêtons ici notre étude sur les peintres de genre. Ceux que
nous avons omis ne nous pardonneront peut-être pas de les avoir oubliés,
mais, à moins d'écrire un volume in-octavo, il est impossible de tout
dire, et nous avons eu à cœur d'éliminer les productions secondaires et
de choisir, dans la mesure de nos forces, parmi les œuvres signilicatives.
Notre choix aurait même pu être plus rigoureux. Mais il n'aurait pas été
équitable de restreindre, dans des limites trop sévères, le cadre de notre
enquête. La peinture de genre a pris dans l'école française une importance
qu'on peut déplorer, mais qui n'en est pas moins réelle, et, en l'absence
des grands maîtres et des grandes œuvres, la critique est bien forcée d'al-
ler chercher le talent où il se montre, c'est-à-dire chez les conteurs
d'anecdotes et dans les choses moyennes.

PAUL MANTZ.

(La suite prochainement.)
 
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