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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 2, Sculpture, 14-15: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0051

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

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ne constituent la musique. Il en est ainsi des arts du dessin, même de
ceux qui semblent avoir l’imitation pour objet. L’effet qu’ils produisent
sur notre âme est lié à des fictions, à des conventions qui se font accepter
sans peine, parce qu’elles sont inventées selon l’esprit humain. De même
que nous admettons au théâtre que Phèdre et Théramène s’expriment en
français, de même nous consentons à admirer la peinture lorsqu’elle nous
montre les profondeurs de l’espace sur une surface plane, en quoi cepen-
dant elle diffère de la vérité plus encore qu’elle ne lui ressemble.

Pour que les œuvres de l’artiste portent l’empreinte de son génie, il
importequ’ elles se distinguent des œuvres naturelles, et que, loin de tenter
une tromperie impossible, elles accusent une origine humaine en expri-
mant des sentiments humains, et quelque chose que la nature ne possède
point, la pensée. Que dis-je? plus un art est semblable à la nature par
certains côtés, plus il doit en différer sous d’autres aspects, à peine de
perdre sa qualité d’art imitateur, pour devenir un simple procédé de ré-
pétition. Supposons que le statuaire s’avise de mettre sur la figure d’un
héros un vrai casque, une vraie cuirasse, du véritable linge et des étoffes
réelles, il ne fera pas une imitation, mais un pur pléonasme, car
toutes les fois qu’il y a identité de matière entre la chose représentée et
ce qui la représente, il n’y a pas imitation dans le sens de l’art, il y a ré-
pétition. Ces principes doivent être rappelés quand il est question de
polychromie.

« Quel serait l’effet du coloris le plus vrai et le plus beau de la pein-
ture sur une statue? écrit Diderot. Mauvais, je pense. Il n’y a rien de si
déplaisant que le contraste du vrai mis à côté du faux, et jamais la vérité
de la couleur ne répondra à la vérité de la chose. La chose, c’est la sta-
tue, seule, isolée, solide, prête à se mouvoir : c’est comme le beau point
de Hongrie de Roslin sur des mains de bois ; son beau satin si vrai sui-
des figures de mannequin. » Diderot a raison. Si la sculpture, qui façonne
ses images en ronde-bosse, ajoutait à la vérité palpable des formes la
vérité optique des couleurs, elle aurait avec la nature trop de ressem-
blance à la fois et pas assez-, elle serait tout près du mouvement et de la
vie, et ne nous montrerait que l’immobilité et la mort. La couleur, après
un moment d’illusion, ne ferait que rendre plus sensible et plus cho-
quante l’absence de vie, et cette première apparence de réalité devien-
drait repoussante quand on la verrait démentie par l’inertie de la ma-
tière. Nous en avons un exemple frappant dans les figures de cire -, plus
elles ressemblent à la nature, plus elles sont hideuses. Dès que le spec-
tateur a reconnu leurs yeux de verre au regard fixe, leurs cheveux pos-
 
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