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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 5
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Bulletin mensuel: Avril 1856
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0501

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BULLETIN MENSUEL

AVRIL 1865

e voilà enfin terminé, me disait un ami, ce grand scandale de la vente
Pourtalès! — Scandale! Et pourquoi donc? Les basses œuvres de l’hôtel
Drouot ont-elles à ce point gâté le goût public qu’on veuille tout juger à
l’échelle du médiocre? Et, parce que nous voyons trop souvent les capi-
taux gourmands se jeter, faute de mieux, sur les aliments frelatés qu’on leur présente,
le jour où de vrais chefs-d’œuvre trouvent de vrais amateurs, faut-il crier au scandale?
Certes tout n’est pas parfait dans la meilleure des ventes. La passion a ses entraîne-
ments qui lui font dépasser le but. h'Innocence de Greuze ne méritait pas l’ample
vêtement de billets de banque dont on a couvert ses provoquantes nudités. Mais enfin,
le scandale, s’il y en a, est aussi vieux que le monde.

Pour moi, j’absous volontiers la vente Pourtalès de toutes ses erreurs, en recon-
naissance de la valeur toujours plus haute qu’elle a donnée aux belles œuvres de
l’école italienne, aux productions du grand art. Des Greuze, des Carlo Dolci, des
Paul Delaroche, ces tableaux d’un fini précieux, d’un format commode, d’un sujet
attrayant, seront toujours disputés par de vives enchères. Mais lorsqu’un simple por-
trait, surtout un portrait d’homme, par la seule force des qualités sérieuses, je dirai
presque des qualités morales qui le distinguent, l’intelligence de la vie, l’expression de
la pensée, la puissance du caractère, la grandeur du style, atteindra un prix élevé,
vous pourrez applaudir des deux mains. Les marchands vous regarderont faire, les
experts hausseront les épaules, les badauds crieront. 11 n’importe, saluez avec confiance
un immense progrès du goût.

Je ne parle pas ici du tableau désormais célèbre d’Antonello de Messine. À la
beauté de l’œuvre s’ajoutait un intérêt de rareté qui en a fait l’enjeu d’une lutte de
nation à nation, et le triomphe ne pouvait se payer trop cher. Mais je parle de ces por-
traits de Bronzino, de Moroni, de Paul Yéronèse, de Ph. de Champaigne, de Franz Fiais,
de Rembrandt, de Clouet, de Louis David. Je parle aussi de ces tableaux trop sérieux
pour des boudoirs, trop grandioses pour des salons, les Saints de Bellini, la Vierge
de Luini, Y Eucharistie de Murillo, YOrlando de Velasquez, et, en second ordre, les
Saintes-Familles d’AIbertinelli, de Francia, de Palma, et jusqu’à ce petit panneau de
Fra Angelico, adjugé à 7,000 fr. en expiation de la faveur excessive accordée à
Carlo Dolci. Assuiément les prix atteints par de telles œuvres sont un honneur pour
le pays et pour le temps qui ont su les payer.

Au surplus, la vente Pourtalès n’était pas seulement une vente de tableaux. Eh
bien! les curiosités elles-mêmes ont donné des résultats qu’il faut applaudir. Plus
d’une fois l’art y a vaincu la mode. Certes, les faïences et les émaux se sont soutenus
 
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