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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Jacquemart, Albert: Alfred Darcel, Notice des fai͏̈ences peintes italiennes, hispano-moresques et françaises du Musée de la Renaissance: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0094

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8G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

alors à douter de la science, ce qui est pis que d’ignorer complètement. M. Barbet de
Jouv n’a donc pas voulu de ce mutisme mortel; par de courtes légendes appliquées
sur les vitrines mêmes, il a ouvert une première voie à la curiosité intelligente; puis,
comprenant qu’un homme, si laborieux qu’il soit, ne saurait suffire à certaines tâches,
il a fait appel, pour la prompte rédaction du catalogue de ces richesses, au concours
de ses collaborateurs, et l'on a vu surgir bientôt la substantielle notice de M. Darcel.

C’était un travail difficile, surtout pour un savant plus habitué aux époques du
moyen âge et aux monuments de l’architecture qu’aux modestes travaux du potier;
mais, imbu des saines doctrines de l’archéologie, rompu de longue date aux pratiques
de la critique d’art, le néo-céramiste devait se classer de prime saut parmi les plus
habiles. Son livre peut soulever quelques discussions; il renferme certes des proposi-
tions contestables; il n’en restera pas moins classé parmi les meilleures publications
de notre temps, parce qu’il se distingue par la méthode, l’observation ingénieuse et
une bonne foi qui donne confiance au lecteur le plus prévenu.

L’une des choses dont, pour notre part, nous savons le plus de gré à M. Darcel,
c’est d’avoir essayé de ranger les fabriques italiennes dans un ordre méthodique. Il faut
bien l’avouer, jusqu’ici les tentatives des auteurs anciens ou modernes pour établir que
telle usine a précédé telle autre, n’ont abouti à aucune démonstration suffisante;
adopter une classification géographique, c’était déjà substituer la raison au caprice;
mais il devait en ressortir un autre avantage : les œuvres issues d’une mode uniforme,
d’un principe commun de pensée ou de pratique, se groupent naturellement, par les
affinités plus ou moins définissables dont on s’est servi,' dans la grande peinture, pour
caractériser les écoles. Donc, si les rapprochements opérés par l’auteur ne sont pas
l’expression d’une vérité absolue, s’il ne lui a pas été possible de tenir compte d’une
foule d’influences éventuelles qui ont dû modifier l’art sur plusieurs points et à
diverses époques, au moins l’esprit se trouve satisfait en suivant sans effort l’enchaî-
nement successif des procédés et des genres. Les délicats et les forts demeureront
toujours maîtres de détacher certaines pièces, lorsque l’histoire fournira les moyens
de les attribuer à leurs véritables auteurs.

M. Darcel devait, cela se comprend, chercher à remonter vers l’origine des faïences
italiennes; il a entrevu, et nous l'en félicitons, leur véritable berceau dans les contrées
orientales. Nous ne voulons nier ni la présence en Italie, ni l’influence des poteries
dorées de l’Espagne; mais il est à remarquer, et l'intelligent auteur de Y Histoire des
faïences hispano-moresques l’avait reconnu lui-même, que le nom de majolique,
appliqué aux vases émaillés, date du xvi1' siècle, et s’entendait particulièrement de
ceux de ces vases qu’illuminaient des reflets métalliques. Or, les mêmes reflets se
voient sur d’antiques porcelaines chinoises, et plus fréquemment encore sur les terres
émaillées de la Perse et de l’Asie Mineure, dont la coupe n° \ de la collection du
Louvre est un si précieux spécimen. Dans notre opinion, ces ouvrages de l'Orient sont
arrivés en Italie bien antérieurement à ceux des Maures d’Espagne, et l’imitation de
leur style se manifeste déjà dans les majoliques primitives qui ont précédé les pièces
à reflets nacrés.

Puisque nous venons de parler des faïences hispano-moresques, encore si peu
connues, malgré les recherches de M. J.-C. Davillier, qu’il nous soit permis de relever
une légère inexactitude qui a échappé à notre collaborateur à propos des vases à
inscriptions illisibles. Ce n’est pas à nous, mais à M. Davillier, qu'il faut attribuer l'in-
génieuse observation qui permet de restituer à Valence les poteries marquées de
 
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