LES
FAÏENCES DE RENNES
ET DES AUTRES FABRIQUES
DE L’ANCIENNE BRETAGNE
’écrivain qui veut rester juste et dire
la vérité doit se méfier par-dessus tout
de ses impressions premières; on est
fort exigeant, après un long voyage,
accompli dans les plus mauvais jours
de l’année : si, parvenu au Lut, on ne
voit pas surgir tout ce que rêvait f ima-
gination, la folle du logis s’emporte et
traduit en appréciations erronées ses
mécomptes imprévus.
Une leçon à cet égard nous était ré-
servée à Rennes, où la Gazette nous
avait délégué pour étudier l’exposition spéciale des faïences et poteries
diverses de la Bretagne. Nous pensions trouver une ville en fête accueil-
lant joyeusement ses hôtes de la métropole, point : sur une place déserte,
la porte d’une salle basse s’ouvrait béante devant nous; l’inscription qui
la surmontait, les drapeaux aux couleurs vives, groupés en demi-cercle
au tympan, semblaient une ironie en présence de cette tristesse; le gar-
dien stupéfait quittait son poêle en nous voyant entrer, se demandant
quel étrange visiteur pouvait troubler sa quiétude habituelle.
Évidemment la Bretagne n’était pas prête pour cette solennité; une
pensée précoce avait devancé la sienne, et sans des efforts inouïs, des
FAÏENCES DE RENNES
ET DES AUTRES FABRIQUES
DE L’ANCIENNE BRETAGNE
’écrivain qui veut rester juste et dire
la vérité doit se méfier par-dessus tout
de ses impressions premières; on est
fort exigeant, après un long voyage,
accompli dans les plus mauvais jours
de l’année : si, parvenu au Lut, on ne
voit pas surgir tout ce que rêvait f ima-
gination, la folle du logis s’emporte et
traduit en appréciations erronées ses
mécomptes imprévus.
Une leçon à cet égard nous était ré-
servée à Rennes, où la Gazette nous
avait délégué pour étudier l’exposition spéciale des faïences et poteries
diverses de la Bretagne. Nous pensions trouver une ville en fête accueil-
lant joyeusement ses hôtes de la métropole, point : sur une place déserte,
la porte d’une salle basse s’ouvrait béante devant nous; l’inscription qui
la surmontait, les drapeaux aux couleurs vives, groupés en demi-cercle
au tympan, semblaient une ironie en présence de cette tristesse; le gar-
dien stupéfait quittait son poêle en nous voyant entrer, se demandant
quel étrange visiteur pouvait troubler sa quiétude habituelle.
Évidemment la Bretagne n’était pas prête pour cette solennité; une
pensée précoce avait devancé la sienne, et sans des efforts inouïs, des