LE MUSEE DE L’ERMITAGE.
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Le catalogue des vases peints, qu’on appelle abusivement étrusques
et qui ne doivent plus porter ce nom désormais, nous apprend qu’en
persistant à suivre le procédé si heureusement employé pour la peinture
et la statuaire, le musée de l’Ermitage a joint aux vases rassemblés un à
un, depuis le temps delà grande Catherine, des collections entières, qui
sont venues ajouter également, non plus des ruisseaux, mais des fleuves,
à cet océan d’œuvres d’art. Après avoir acquis la collection Laval, on a
fait l’achat en bloc de la collection Pizzati, bien autrement riche et im-
portante; puis, naguère, celui de la plus grande et surtout de la plus
belle partie de la collection Campana. Aujourd’hui la liste des vases
peints que ces acquisitions ont donnés à l’Ermitage, s’élève au chiffre
total de 1,786.
Il y en a là de toute provenance, de toute époque, de tout genre, de
toute forme. Personne n’ignore à présent que ces vases peints, œuvres
de la Grèce et de ses colonies, ont pénétré partout où a pénétré la civi-
lisation grecque, et qu’on les trouve dans tous les pays soumis jadis à
l’influence de cette civilisation. C’est peut-être la Grèce elle-même qui
en a le moins fourni, sans doute à cause de l’insuffisance des fouilles
pratiquées jusqu’à cette heure parmi les ruines de ses anciennes cités.
Mais on en a découvert, et l’on en découvre encore dans l’Asie-Mineure,
notamment à Smyrne et à Eksénidé (ancienne Xanthe) ; dans l’Afrique,
à Tripoli (OEa) et Bengazi (Bérénice); dans l’ile de Malte (Melita); dans la
Sicile, à Centorbi (Centuripa), Lentini (Leontinoï, puis Leontiuin), Palaz-
zuolo (Acræ), Girgenti (Acragas, puis Agrigentum), et surtout dans les
contrées de l’Italie qui adoptèrent plus tôt et cultivèrent plus longtemps
les arts grecs, c’est-à-dire l’Etrurie et la Grande-Grèce. Au nord, les
Étrusques eurent des fabriques de vases peints à Agylla (Cœre, puis Cer-
vetri), à Clusium (Chiusi), à Veïes (Isola-Farnese), à Tarquinies (Turchina),
à Perusia (Pérouse), à Volaterrœ (Yolterre), jusqu’à Mantoue, jusqu’à
leur colonie d’Àdria, qui donna son nom à l’Adriatique. Au midi, l’Apu-
lie (Pouille) eut les fabriques de Ilubia (Ruvo), de Gnatia (Fasano), de
Lupatia (Altamura), de Cœlia (Ceglia), de Barium (Bari); la Lucanie (Ca-
labre et Basilicate), celles d’Anxia (Anzi), de Grumentum (Armento), de
Pæstum, d’Eburium (Eboli), de Potentia (Potenza), d’Acherontia (Ace-
renza); enfin la Campanie (Terre de Labour), celles de Nola, de Plistia
(Santa-Agata de’ Goti), de Cumes et de Capoue. Mais à ces provenances
diverses, où puisent toutes les collections comme dans un fonds com-
mun, la Russie en joint une qui lui est toute spéciale, qui lui appartient
en propre, et dont les produits, tous destinés au musée des tzars, n’ont
à redouter aucune comparaison. Je veux parler de la Crimée. C’est dans
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xvi ir.
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Le catalogue des vases peints, qu’on appelle abusivement étrusques
et qui ne doivent plus porter ce nom désormais, nous apprend qu’en
persistant à suivre le procédé si heureusement employé pour la peinture
et la statuaire, le musée de l’Ermitage a joint aux vases rassemblés un à
un, depuis le temps delà grande Catherine, des collections entières, qui
sont venues ajouter également, non plus des ruisseaux, mais des fleuves,
à cet océan d’œuvres d’art. Après avoir acquis la collection Laval, on a
fait l’achat en bloc de la collection Pizzati, bien autrement riche et im-
portante; puis, naguère, celui de la plus grande et surtout de la plus
belle partie de la collection Campana. Aujourd’hui la liste des vases
peints que ces acquisitions ont donnés à l’Ermitage, s’élève au chiffre
total de 1,786.
Il y en a là de toute provenance, de toute époque, de tout genre, de
toute forme. Personne n’ignore à présent que ces vases peints, œuvres
de la Grèce et de ses colonies, ont pénétré partout où a pénétré la civi-
lisation grecque, et qu’on les trouve dans tous les pays soumis jadis à
l’influence de cette civilisation. C’est peut-être la Grèce elle-même qui
en a le moins fourni, sans doute à cause de l’insuffisance des fouilles
pratiquées jusqu’à cette heure parmi les ruines de ses anciennes cités.
Mais on en a découvert, et l’on en découvre encore dans l’Asie-Mineure,
notamment à Smyrne et à Eksénidé (ancienne Xanthe) ; dans l’Afrique,
à Tripoli (OEa) et Bengazi (Bérénice); dans l’ile de Malte (Melita); dans la
Sicile, à Centorbi (Centuripa), Lentini (Leontinoï, puis Leontiuin), Palaz-
zuolo (Acræ), Girgenti (Acragas, puis Agrigentum), et surtout dans les
contrées de l’Italie qui adoptèrent plus tôt et cultivèrent plus longtemps
les arts grecs, c’est-à-dire l’Etrurie et la Grande-Grèce. Au nord, les
Étrusques eurent des fabriques de vases peints à Agylla (Cœre, puis Cer-
vetri), à Clusium (Chiusi), à Veïes (Isola-Farnese), à Tarquinies (Turchina),
à Perusia (Pérouse), à Volaterrœ (Yolterre), jusqu’à Mantoue, jusqu’à
leur colonie d’Àdria, qui donna son nom à l’Adriatique. Au midi, l’Apu-
lie (Pouille) eut les fabriques de Ilubia (Ruvo), de Gnatia (Fasano), de
Lupatia (Altamura), de Cœlia (Ceglia), de Barium (Bari); la Lucanie (Ca-
labre et Basilicate), celles d’Anxia (Anzi), de Grumentum (Armento), de
Pæstum, d’Eburium (Eboli), de Potentia (Potenza), d’Acherontia (Ace-
renza); enfin la Campanie (Terre de Labour), celles de Nola, de Plistia
(Santa-Agata de’ Goti), de Cumes et de Capoue. Mais à ces provenances
diverses, où puisent toutes les collections comme dans un fonds com-
mun, la Russie en joint une qui lui est toute spéciale, qui lui appartient
en propre, et dont les produits, tous destinés au musée des tzars, n’ont
à redouter aucune comparaison. Je veux parler de la Crimée. C’est dans
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