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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 5
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Delaborde, Henri: Des œuvres et de la manière de M. Amaury-Duval
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0435

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Z;20

Singulier reproche, en effet, que cette accusation de despotisme qu’on
a essayé quelquefois de porter contre le maître en s’autorisant de la ser-
vilité prétendue des disciples! Singulière erreur, commise encore aujour-
d’hui par plus d’un juge à courte vue, que ce parti pris de ne recon-
naître aux élèves de M. Ingres qu’un mérite de copistes, qu’une habileté
plus ou moins grande à contrefaire les inspirations ou la manière du
peintre d'Homère et de Stratonice!

Qui ne le sait d’ailleurs, qui le nie? Tous ont beaucoup dû à leur
maître, beaucoup appris auprès de lui ; tous, heureusement, se ressen-
tent et se souviennent de la forte discipline à laquelle ils ont été soumis;
mais les plus éminents d’entre eux n’ont répudié pour cela ni le res-
pect de leurs propres instincts, ni la volonté d’en combiner l’expres-
sion avec la fidélité aux traditions qui avaient nourri leur jeunesse.
Sans parler d’ïïippolyte Flandrin, le plus chrétien des peintres français
modernes formé par le plus fervent des continuateurs de l’art grec,
M. Lehmann n’a-t-il fait acte que d’imitateur dans l’ordonnance et
dans l’exécution de ses peintures à l’institution des Jeunes-Aveugles,
à l’Hôtel de ville, au palais du Sénat? Là, comme dans les portraits si-
gnés du même nom, n’y a-t-il pas à côté de certaines habitudes, à
côté de certaines croyances acquises une fois pour toutes, les preuves
d’une imagination et d’un goût très-indépendants des leçons du maître?
Lorsque, au sortir de l’atelier de M. Ingres, Ziégler peignait son Gio/to,
ou lorsqu’il exposait, quelques années plus tard, son Saint Georges et
son Saint Luc, il ne renonçait pas, que je sacjie, à l’ambition de se don-
ner carrière et de révéler l’ampleur de ses intentions, au risque même
d’en accuser le caractère trop souvent emphatique et théâtral. La pensée
si hautement philosophique de M. Paul Chenavard a-t-elle été gênée
dans son essor par les entraves de l’éducation, par les coutumes
imposées d’abord à la main? MM. Comairas, Alexandre Lafond, d’au-
tres encore dont le talent consiste surtout dans l’énergie du faire ,
peuvent-ils être confondus avec MM. Cornu, Balze, Dumas, c’est-à-dire
avec des artistes plus érudits à tous égards et dont le mérite résulte
de la réflexion et des calculs, plutôt que des suggestions spontanées de
la verve? Enfin, l’un des mieux partagés à l’origine, sinon le plus riche-
ment doué des élèves de M. Ingres, Théodore Chassériau, en exécutant
son tableau des Troyennes, ses belles Etudes peintes ou dessinées et ses
peintures murales dans l’église de Saint-Merry, Chassériau montrait assez
que la pratique des enseignements du maître ne compromettait chez lui
ni le développement des facultés natives, ni le progrès dans le sens de la
vocation personnelle. Qu’il se soit ensuite étrangement mépris sur cette
 
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