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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Relation du voyage du Marquis de Siegnelay en Italie, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0464

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mon chemin, à 8 milles d’une petite rivière qu’on appelle à présent Garigliano, et
qu’on appeloit autrefois Liris :

.quæ Liris quieta

Mordet aqua taciturnus amnis.,

si funeste aux François, y ayant esté malheureusement défaits dans tous les temps, du
temps de l’empereur Justinien par Narsès, et du temps de Louis XII par Fernand Gon-
zalve, appelé le grand capitan dans l’histoire; j’ay vu, dis-je, sur les bords de cette
rivière quelques vestiges d’une ville qui estoit autrefois appelée Minturnes. Elle estoit
bastie sur les bords de ce marécage dans lequel Caïus Marius se cacha durant la pros-
cription de Sylla; il en est parlé dans la dixième satire de Juvénal où il représente Ma-
rius se dérobant à ceux qui le poursuivoient [Minturnar unique paludes). Dans les
ruines de cette ville ancienne, paroist encore tout l’ovale d’un amphithéastre qui est
presque tout ruiné; il estoit basty de brique et tout revestu de marbre. J’ay vu à quel-
que cent pas de là un théastre assez entier ; du moins y remarque-t-on parfaitement
bien'la rampe de tous les sièges; et de l’autre costé on voit aussy l’endroit où devoit
estre la scène. De là, je suis venu coucher à Santa-Agata, auprès de laquelle sont ces
célèbres costeaux où estoit autrefois le vignoble de Falerne; il y a à présent une ville
qu’on appelle Sessa, appelée autrefois Sinuessa.

Du dimanche, i9 avril. — J’ay esté ce matin disner à Capoue-la-Neuve, située sur
le fleuve Yulturne, qu’on appelle maintenant Yaltorne : la ville est petite mais très-bien
fortifiée; défendue d’un costé par la rivière et de l’autre par des bastions réguliers qui
sont environnés d’un fossé assez profond; on voit dans la place de cette ville quelques
inscriptions anciennes qu’on y a apportées des ruines de l’ancienne Capoue : il y a
aussy quelques bas-reliefs assez curieux; entre autres il y en a un qui représente la
figure d’un édile assis dans son siège curule, qui fait peser du pain en sa présence avec
une romaine. Il y a encore, dans un autre bas-relief qu’on a attaché à une muraille,
trois ou quatre personnes avec une grue dont on se sert aujourd’huy pour les basti-
mens, qui est représentée lever une colonne entière, pour faire voir de quelle manière
on avoit basty l’amphithéastre de la vieille Capoue, et de quelles machines on se ser-
voit anciennement pour enlever les pierres, ledit bas-relief ayant esté tiré des ruines
de ce mesme amphithéastre, et ayant esté mis au lieu où on le voit aujourd’huy pour
faire voir que les anciens se servoient de cette mesme machine qui est pourtant assez
différente des nostres. Aussy l’ay-je fait dessiner par M. Mignard pour vous faire voir
la figure.

J’ay vu encore dans la mesme place de Capoue-la-Neuve, à la muraille d’un grand
basliment qui sert de prison, plusieurs grands bustes colosses de différentes divinités.
Ces bustes servoient de clefs aux arcs de l’amphithéastre de Capoue l’ancienne, de la-
quelle j’ay esté voir immédiatement après disner les ruines : elle estoit située à 2 milles
du lieu où est présentement la nouvelle, au pied d’une petite montagne assez éloignée
des bords de la petite rivière du Vulturne. La première chose quej’aye rencontrée au-
près de l’endroit où dévoient estre les murailles de cette ville, a esté un arc de triom-
phe formé de deux portes égales: le corps du bastiment est de briques; il y a des
niches entre les arcs qui dévoient apparemment estre garnies de statues, et l’on y voit
aussy la place où dévoient estre les colonnes quovqu’il n’y reste rien, tout le marbre et
tout ce qu’il y avoit d’incrustations ayant esté enlevé. Cependant, encore bien que ce
 
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