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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 6
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Le Brun-Dalbanne, Eugène: Étude sur Henry Janssens: peintre flamand du XVIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0557

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540

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

puissance et qui ne servent désormais qu’à indiquer le vent, dans ces
demeures princières, aux colonnes torses, aux péristyles dorés, aux lon-
gues terrasses de marbre, le grand monde avec son élégance native, ses
grands airs et ses plaisirs compassés. 11 ne manque plus rien au tableau.
Nous avons toute la Flandre du xvne siècle, et, pour vivre au milieu
d’elle, nous n’avons qu’à la regarder.

Henry Janssens appartient donc au groupe des peintres de mœurs, et
il procède évidemment de Téniers, tout en gardant sa personnalité très-
distincte. Il donne la main à François Du Ghastel et à Gonzalès Coques,
qui fut peut-être plus Hollandais que Flamand, et qui, malgré la rare
perfection de ses portraits de famille, nous semble avoir eu moins de
gaieté et d’esprit que lui. Janssens a beaucoup de noblesse dans ses com-
positions, et son dessin ne manque ni de correction, ni d’élégance, ni de
souplesse. Sa couleur est excellente, sa touche très-franche, empâtée et
spirituelle. Il a les tons argentins, la coloration limpide et claire de
Téniers, et si son coup de pinceau est moins alerte et moins sûr, sa légè-
reté d’outil moins subtile, il s’entend aussi bien que lui aux perspectives,
et son clair-obscur n’est pas plus que le sien alourdi. La lumière le pé-
nètre1. Ses figures sont habilement agencées; malgré leur nombre, elles
se groupent avec art et se meuvent sur ses toiles sans confusion. Toutes
ses compositions sont piquantes, et il faut y regarder de près pour ne
pas confondre ses tableaux avec les meilleurs de Gonzalès Coques2. Henry
Janssens est donc de la famille de David Téniers, de Gonzalès Coques et
de Du Ghastel. Aussi n’est-ce pas le moindre éloge à faire de lui que de
dire qu’il tient glorieusement sa place au milieu de ces peintres intimes
qui se sont partagé le peuple flamand. A David Téniers, les fêtes popu-
laires et les tabagies; mais à Gonzalès Coques, à Du Ghastel et à Henry
Janssens les portraits de famille, les assemblées élégantes et le monde
des salons.

LE BRUN-DALLANNE.

1. M. Théodore Lejeune, dans son consciencieux ouvrage, le Guide de l’amateur
de tableaux, en citant les Scènes de la cour de Don Juan d’Autriche, le Trictrac,
le Menuet, a cru devoir ajouter : ces deux tableaux sont admirables d’éclat, de fraî-
cheur, de finesse et de transparence. Tome II, p. 392.

2. M. Charles Blanc, ce maître des maîtres, dans les choses de l’art, nous écrivait
le 12 septembre 1860 : « Si vous faites faire des photographies de votre Lagrenée et
de vos deux Gonzalès Coques, je crois, pensez à m’en réserver des épreuves. »
 
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