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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Bulletin mensuel: Juin 1865
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0107

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Bl LLETIN MENSUEL.

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pas, et j'ai gardé le souvenir de quelques pièces vraiment belles, entre autres un plat
du Japon avec les armes de France au chiffre do Louis XII F (n° 43), un plat de l’Inde
(n° 45), d’une grande originalité, et surtout un plat chinois (n° 448), dont tout le décor
s’assortit merveilleusement à l’éclat d’une giroflée rutilante qui en occupe le milieu. Les
faïences abondent, empruntées, je l’ai déjà dit, à toutes les fabriques françaises et
étrangères. Les plats fleuronnés, les jardinières, les assiettes, les porte-bouquets, les
soupières, forment une fêle pour les yeux, qui ne savent oii s’arrêter, (l’est dans cette
catégorie que se rencontre la pièce capitale de l’exposition, une grande fontaine en
faïence danoise, portant l’indication de Kiel. Kl le appartient ii M. le duc d’Audiffret-
Pasquier. Un dauphin sortant d’une touffe de mousse verte forme le robinet ; au-dessus,
des feuilles d’eau entourent la base d’une urne élégante que soutient une applique à
échancrures graduées et que couronne un couvercle à trois étages de moulures. La
vasque, à bords cannelés et festonnés, repose sur trois pieds. Elle offre une panse re-
bondie où s’étalent des tulipes, des roses jaunes et des pavots violets. Le même décor
polychrome à fleurs règne partout, et sa riche simplicité rappelle l’art de Delft, ou
plutôt encore l'art, sérieux et délicat de Strasbourg, Aussi, tout en signalant cette pièce
pour sa beauté, je me demande si aucun doute ne peut s’élever sur son origine. Kiel
ressemble terriblement à h'ehl. La question vaut la peine d’être renvoyée aux spécialistes.

Il y aurait pour eux, et en particulier pour notre collaborateur M. Jacquemart,
un curieux sujet d’étude dans les épis et les bénitiers en faïence et en terre émaillée
des départements de la Sarthe, de l’Eure et de l’Orne. Un de ces bénitiers porte
la signature de Michel Boudet, à Armentières, 1771; un encrier et une plaque
de bénitier, celle de Jean Guincestre, à Armentières, 1746 et 1765. Un plat, de la
Sarthe, est marqué des initiales D. B. F. 1510. Mon incompétence me défend d’insister
sur ces points, et je n’ai rien non plus à dire des différents Palissy qui se groupent ii
l’extrémité d’une vitrine. Mais je dois encore signaler l’inscription d'un petit chef-
d’œuvre de Delft : — « Samuel Piet-Roerder, 1590. » Au surplus, le catalogue de
l'Exposition d’Alençon, rédigé par des amateurs compétents, a relevé avec soin les
dates et signatures inscrites sur les pièces exposées. A ce titre, il mérite d’être recher-
ché et de rester, comme un document utile, entre les mains des amateurs de faïence1.

La série des objets historiques présente un intérêt plus général, mais non moins vif.
Comment se défendre d’une certaine émotion réti*bspective en contemplant, ici la mi-
niature de madame de Maintenon que Louis XIV portait toujours sur lui, là le petit
portrait de Buzot que madame Roland baigna de ses larmes et qui l’accompagna jusqu'à
l’échafaud? Ces reliques du cœur parlent plus haut que bien des chefs-d’œuvre.
Ailleurs, voici une plaquette dont la reliure d’un goût exquis, aux armes du Dauphin
et de la Dauphine, recouvre un manuscrit du célèbre calligraphe Fyot : c'est le libretto
de quelques scènes déclamées ou jouées devant Marie-Antoinette lors de sa visite au
château de Chillv en 1770. Dans une autre salle nous trouverons le portrait de Charlotte
Corday, ce portrait princeps, qu’un artiste, nommé llauer, osa esquisser pendant la
séance du tribunal révolutionnaire. On sait que l’héroïne se retourna vers lui pour
mieux montrer son visage. Elle méritait de rencontrer un peintre plus habile. Sans le
souvenir historique qui s'y attache, ce papier gris barbouillé de noir ne serait qu’un
dessin médiocre. Enfin, il faut citer comme une curiosité de l'art et de l’histoire, un
des rares exemplaires de la statuette équestre de Jeanne d'Arc par la princesse Marie
d’Orléans.

1. Alençon, F. de Broise, imprimeur-éditeur.
 
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