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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 2
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Dürer, Albrecht; Narrey, Charles [Editor]: Lettres confidentielles d'Albert Dürer à Bilibard Pirkeimer: traduites de l'allemand sur les pièces originales
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0115

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ALBERT DURER.

10.)

LETTRE III.

Mes salutations empressées à mon cher M. Pirkeimer.

Je vous expédie en même temps que cette lettre la bague ornée d’un
saphir que vous m’avez demandée, il m’a été impossible de vous l’envoyer
plus tôt. Pendant deux jours j’ai couru chez tous les orfèvres allemands
et italiens de Venise dans la compagnie d’un habile homme que j’ai
défrayé ; nous avons longtemps cherché avant de trouver ce qu’il nous
fallait, et à la fin, en marchandant beaucoup, j’en ai acheté une pour dix-
huit ducats et quatre martzels à un particulier qui ne fait pas le com-
merce de bijoux et qui la portait lui-même; il me l’a vendue pour me
rendre service. Je lui ai dit que c’était une acquisition que je faisais pour
mon usage. Je l’avais à peine payée qu’un orfèvre allemand m’en a offert
trois ducats de bénéfice ; j’espère donc que vous la trouverez à votre gré,
car tous ceux à qui je la montre prétendent que c’est une pierre trouvée,
et qu’en Allemagne on la payerait cinquante florins. Mais vous verrez bien
s’ils disent vrai ou s’ils mentent; quant à moi, je n’y connais rien.

J’ai acheté une améthyste à un ami intime pour douze ducats; il m’a
volé comme dans un bois, car elle n’en vaut pas sept. Mes camarades et
moi nous avons tant fait qu’il a consenti à rompre le marché, et je lui ai
payé un dîner au poisson. J’ai repris mon argent et je suis fort satisfait
de cet arrangement. De bons amis ont estimé la bague, et s’ils ne se sont
pas trompés, la pierre ne revient pas à plus de dix-neuf florins rhénans,
car elle pèse environ cinq florins d’or. Je n’ai donc pas dépassé vos
ordres, puisque vous m’avez écrit de ne pas dépenser plus de quinze
ou vingt florins.

Quant à l’autre pierre que vous m’avez demandée, je n’ai pas encore
pu me la procurer, mais je déploierai tout mon zèle à ce travail.

On me dit qu’en Allemagne on ne pourrait pas avoir ces pierres, même
à la foire de Francfort, car les Italiens les accaparent toutes aussitôt qu’il
y en a quelque part. Les marchands se sont moqués de moi lorsque je
leur ai offert deux ducats pour des jacinthes; écrivez-moi donc le plutôt
possible, et dites-moi ce que j’ai à faire. J’ai vu un beau diamant, je ne
sais pas encore ce que l’on en demande; je vous l’acheterai si votre lettre
m’en donne l’ordre.

Les émeraudes sont excessivement chères, mais on peut avoir une
améthyste de moyenne grandeur pour vingt ou vingt-cinq ducats.

D’après toutes les commissions que vous m’avez données, je présume
 
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