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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 5
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Jacquemart, Albert: Musée rétrospectif, [3], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0399

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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des trésors que cinquante années de recherches ont pu procurer à la
France; c’est l’élite des monuments disputés à prix d’or, depuis un demi-
siècle, dans les ventes publiques de l’Europe. Il y a là telles pièces qui
sont mentionnées et décrites dans tous les ouvrages sur la céramique
et dont tout amateur érudit connaît les marques et les dates. Mais ces
pièces, sorties de leur isolement, placées côte à côte avec leurs congé-
nères, illuminent d’unprécieux rayon mille objets restés jusqu’ici dans
l’ombre. Toutes les théories des investigateurs de la science peuvent
trouver là leurs confirmations et leurs preuves, ou, si elles étaient er-
ronées, elles doivent tomber en face de cette grande manifestation de ce
qui a été. On saisit jusqu’aux tâtonnements qu’amène une époque de
transition, et l’on peut, à coup sûr, remonter aux sources où l’industrie
nouvelle a puisé ses inspirations.

Est-ce donc Luca délia Robbia qui nous arrêtera d’abord ? Voilà, de
lui ou des siens, des œuvres intéressantes ; ce buste, à M. d’Yvon, cette
tête vivante, de la collection Le Carpentier, ces madones au suave regard,
ce fier condottiere, sont-ils les premiers essais de l’émail appliqué sur
terre cuite?

Non, le disque de M. de Beaucorps prime ces ouvrages de toute la
hauteur de l’inexpérience et de la naïveté dont il est empreint; en terre
rugueuse et grossière, il n’est émaillé qu’à l’extérieur; il représente, au
milieu des branches rigides d’une végétation chargée de tulipes, un cava-
lier coiffé du bicoquet, chaussé d’énormes poulaines aux éperons exagérés,
et serré dans un étroit justaucorps ; de la main droite cet homme élève
une coupe, et le mot 3T, tracé en caractères gothiques retournés, au ni-
veau de ses lèvres, indique qu’il porte une santé. Toute cette figuration
primitive, cernée d’un trait noir et remplie d’un émail vert, annonce une
œuvre de la fin du xive siècle ou du commencement du xve, et emprun-
tée, dans sa partie ornementale, à la céramique persane.

L’Orient, toujours l’Orient, comme source de lumière ! Et comment
s’en étonner? les républiques italiennes ne durent-elles pas leur splen-
deur au commerce immense qu’elles entretenaient avec le Levant? Les
Médicis, ces princes dont le nom se trouve associé à toutes les grandes
choses du xvie siècle, n’étaient-ils pas les descendants d’un homme en-
richi par le négoce ?

De la Perse passons donc aux Mores de l’Espagne, et là encore nous
trouverons l’une des sources les plus directes de l’initiation italienne. Les
poteries dorées, auxquelles M. Charles Davilliera si justement restitué
la dénomination d’hispano-moresques, sont ici nombreuses et caracté-
risées : voici l’aljofainasde M. le baron Gustave de Rothschild, les bassins
de MM. le comte d’Armaillé, de Beaucorps, Schmidt, et plusieurs autres
 
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