Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (19.1865)

PIERRE PUGET

(suite '.)

a intenant on peut se rendre compte de
l’importance du rôle que joua Pierre Puget
dans le drame héroï-comique de l’arsenal
de Toulon. Il semble que son activité dut
s’y dépenser tout entière, absorbée par tant
de travaux multiples et par les ennuis qu’ils
traînaient avec eux. Cependant il n’en est
rien. Cette période de sa vie, de 1668 à
1672, Puget l’a vécue en partie double, un
pied à Toulon, l’autre à Marseille, quand il n’en avait pas un troisième
à Gênes ou à Aix. Les affaires qui l’appellent d’une ville à l’autre, les
travaux qu’il y exécute ou qu’il y dirige, s’entre-croisent et s’enche-
vêtrent de façon à former un pêle-mêle de dates et de faits presque
inextricable. Bougerel et Ëmeric David y ont perdu leur peine. Faute
de documents précis, ils sont tombés dans de graves erreurs. Pour
débrouiller un écheveau aussi confus, j’ai pensé qu’il fallait le dédou-
bler, et c’est pourquoi j’ai massé en un seul bloc tous les événements
dont Toulon a été le théâtre. Libres désormais vis-à-vis de l’arsenal
et de la sculpture navale, tournons-nous du côté de Marseille. Nous y
verrons ce même homme, tour à tour peintre, sculpteur et décorateur
de vaisseaux, ouvrir à son génie une porte nouvelle en s’improvisant
architecte.

I. Voir Gazette des Beaux-Arts, t. XVIII, p. 193 et 308; — t. XIX, p. 218.