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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Musée rétrospectif, [5], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0474

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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musée rétrospectif a eu, pour les curiosités des deux derniers siècles, une
salle Analogue à cette galerie H, qui fut une des gloires de l’exposition
de Manchester, et où l’on avait groupé à part la contribution de M. le
marquis d’Hertford. Une fête pareille nous est offerte aujourd’hui; il ne
s’agit point de tableaux comme à Manchester, et nous n’avons à admirer
ici ni la Dame à l’éventail de Xélasquez, ni Y Arc-en-ciel de Rubens, ni
le Jean Pellicorne de Rembrandt, ni la Nelly O’Brien de Reynolds, cette
enchanteresse à laquelle nous sommes restés fidèles depuis huit ans,
longue période dans la vie d’un peuple, plus longue encore dans la vie
d’un amoureux. Il s’agit aujourd’hui d’objets de toute sorte, bronzes,
marbres, meubles, tapisseries, armes et porcelaines, pièces exquises et
rares, documents inappréciables pour celui qui aura le courage et le
bonheur d’écrire l’histoire du mobilier en France. Les œuvres du
xvine siècle dominent dans cette collection et lui donnent un caractère
particulier de richesse et de fantaisie. Tout respire ici le luxe heureux
d’une époque où toutes les industries eurent de la grâce, où tous les
arts eurent de l’esprit.

Le génie inspirateur qu’on révère dans cette succursale du temple
de Cnide, le dieu dont chaque monument raconte les douces victoires,
c’est l’Amour. Bouchardon nous le montre d’abord se taillant un arc
dans la massue d’Hercule, une de ses plus grandes victimes. Ce marbre,
qui, par ses dimensions modérées et son style indécis, tient le milieu
entre la statue et la statuette, porte la date de 1744. C’est une répéti-
tion réduite de la figure qui passa longtemps pour un des chefs-d’œuvre
du maître. M. de Caylus, Mariette et Voltaire lui même, ont, grâce au
ciel, si longuement parlé de Y Amour de Bouchardon, qu’il n’est pas
nécessaire de lui consacrer aujourd’hui « beaucoup d’écriture. » On sait
par les Archives de l’art français, que la statue originale, commandée
par Louis XV en 1740, ne fut achevée que dix ans après. A la suite d’un
court séjour à Versailles, elle fut placée à Choisy, et, vers la fin du siècle,
elle fut transportée au Louvre, où elle est encore. Il en existe à Trianon
une reproduction dont les dimensions sont pareilles. Quant à l’exem-
plaire que nous révèle la collection de lord Hertford, et dont les bio-
graphes n’ont point parlé, on peut le considérer comme la première édi-
tion de l’œuvre, je veux dire la première traduction en marbre de la
figure que Bouchardon avait d’abord ébauchée en terre cuite. Nos amis
du xvine siècle se sont un peu compromis à propos de cet Amour.
« M. Bouchardon est notre Phidias, » écrivait Voltaire. Il a su, répli-
quait Mariette, « allier les grâces du Corrége avec la pureté de dessin de
l’antique. » Voltaire n’était pas de notre corporation, il était mal informé
 
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