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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Musée rétrospectif, [5], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0475

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LA RENAISSANCE ET LES TEMPS MODERNES.

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sur la question d’art, et nous devons lui pardonner l’énormité de son
dire; mais sous la plume de Mariette, si bon juge d’ordinaire, l’éloge de
l’Amour se taillant un arc a de quoi surprendre, et plus d’un spectateur
s’étonnera que Corrége et l’antique aient pu ici être mis en cause. Il est
certain que, l’ingéniosité du motif étant d’ailleurs reconnue et proclamée,
l’œuvre reste petite et grêle; la silhouette générale n’est rien moins
qu’heureuse, et qui sait? si la figure méritait d’être vantée, ce serait
peut-être parce que, grâce à une sorte de réalisme emprunté au modèle
qui a posé devant lui, Bouchardon a assez bien exprimé les maigreurs
de l’adolescence. Évidemment, Mariette s’est mépris : Corrége n’a point
été consulté, et l’antique pas davantage.

La figure de marbre qui, dans la collection de lord Hertford, sert de
pendant à Y Amour de Bouchardon, est due au ciseau, un peu inégal, de
Jean-Baptiste Lemoyne. Cette statue qui représente, si.l’on veut, le
Printemps, et qui est datée de 1755, a tous les caractères d’un portrait.
La petite personne dont l’artiste a reproduit l’image n’était point jolie;
la tête est ronde, peu avenante, médiocrement spirituelle; mais le cos-
tume très-abrégé n’est pas sans grâce. La jeune femme tient dans sa
robe relevée toute une moisson de roses; elle marche alerte et légère, et
les fleurs naissent sous ses pas. Vue de profil, la figure montre une
longue ligne élégante et bien rhythmée.

Les habiles gens qui ont disposé en un si bel ordre les curiosités de
la collection du marquis d’Hertford, ont placé sur un meuble voisin une
autre statuette de femme, dont l’auteur est demeuré inconnu, et à propos
de laquelle nous voudrions provoquer le zèle des chercheurs. C’est
une bergère un peu court vêtue, qui relève sa robe comme si elle vou-
lait laver au clair ruisseau ses jolis petits pieds de marbre. Les dimen-
sions de la figure, son attitude légèrement infléchie, le caractère de la
tête, tout indique qu’elle a été faite pour servir de pendant à la Bai-
gneuse de Falconet. La manufacture de Sèvres ne manqua pas en effet de
s’emparer de ce modèle, qui était tout à fait selon son gré, et il n’est
pas rare de le rencontrer exécuté en biscuit, pour faire vis-à-vis à la
fameuse Baigneuse. Les archives, malheureusement bien incomplètes de
la manufacture, nous diront peut-être un jour à qui doit être restituée
cette jolie figurine.

Nous ne quitterons pas le salon de lord Hertford sans signaler, plutôt
à cause de son intérêt historique que de sa beauté, un médaillon repré-
sentant le portrait d’un personnage du xvme siècle, et qui est signé :
Canova fecit 1786. Nous ne sommes pas habitués à rencontrer en
France des Canova de cette date et de ce style. L’œuvre est en réalité
 
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