Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Musée rétrospectif, [5], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0476

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
462

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

peu significative, mais elle nous dit comment le sculpteur vénitien a
débuté. Les réformateurs sont souvent timides à l’origine. Dans sa pre-
mière jeunesse, David peignait des Boucher; Canova — ce marbre nous
le prouve — a commencé par faire des Lemoyne.

Pour compléter l’examen des sculptures exposées par lord Hertford,
il reste à mentionner un petit bronze italien du xvie siècle qui a figuré
avec honneur à la vente de M. le comte Pourtalès. Les amateurs y recon-
naîtront avec plaisir la statuette de cette femme nue, qui, la jambe
droite croisée sur la jambe gauche, relève harmonieusement ses bras et
achève de natter sa chevelure. C’est là de l’art élégant, simple et
superbe, et la chaude coloration du bronze florentin donne à cette figu-
rine je ne sais quoi de souple et de vivant.

Nous reviendrons plus tard chez lord Hertford ; mais en courant à
l’aventure dans les salles déjà visitées, nous avons découvert un bas-relief
de bronze, récemment envoyé par madame la vicomtesse de Janzé. Cette
pièce capitale, exposée aujourd’hui à la place qu’occupait l’autre mois le
beau Scipion de M. Rattier, n’est rien moins qu’une œuvre indiscutable
du sculpteur padouan Andrea Riccio. Cet habile maître est mort en 1532,
mais dans le cercle lombardo-vénitien où il s’est formé, il a certainement
connu Mantègna, et il a goûté sa haute façon d’interpréter l’antique.
Nous trouvons la trace de cette sévère influence dans le bas-relief de
madame de Janzé : l’artiste y a représenté le Christ porté au tombeau,
et il a réuni, autour du cadavre roidi par la mort, tout un groupe vivant
de figures actives, remuantes, désolées. 11 y a dans quelques têtes, dans
celles des femmes surtout, une immense douleur. Et cependant tout cela
est contenu, et, dans leur farouche énergie, les porteurs du Christ, les
disciples qui veillent autour du tombeau, les soldats qui se mêlent à la
foule, gardent un caractère presque romain. Sur un vase de parfum que
tient un des personnages se trouve la marque aerdna, qui forme, si l’on
veut la lire en commençant par la fin, la signature du maître. C’est un
morceau digne d’un musée, et dont il faut prendre note : de 1510 à 1520,
l’art padouan en était là.

La galerie rétrospective s’est également enrichie de quelques terres
cuites du xvme siècle. La première dans l’ordre historique est un petit
bas-relief qui appartient à M. Jadin, et qui, sons la forme lâchée de
l’ébauche, montre un charmant groupe d’enfants jouant et se démenant
comme des amours de Boucher. Ce bas-relief porte, avec la date de
1731, qui nous touche beaucoup, un monogramme formé d’un J et d’un
R. Nous n’essayerons pas de l’expliquer. Et pourtant c’est peut-être là
une œuvre d’un sculpteur — Rousseau — qui, n’ayant fait partie d’au-
 
Annotationen