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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Musée rétrospectif, [5], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0496

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LA RENAISSANCE ET LES TEMPS MODERNES. 681

ajoute aux estampes delà fin du xvme siècle, et combien elle donne raison
à ce charmant historien qui s’appelle Moreau le Jeune !

Un autre bijou de cuivre est le support, en forme de trépied, qu’on
admire dans la galerie de lord Hertford, et qui sert à exhausser un vase
en jaspe rouge de Sicile. C’était un des trésors de la vente du prince de
Beauveau, et quelques amateurs y voient volontiers une des plus heu-
reuses productions de Gouthière. L’or n’a jamais été mieux ouvré, et ce
délicat petit meuble va de pair avec les plus charmants travaux d’orfè-
vrerie. Il n’est pas hors de propos de rappeler ici que de véritables
orfèvres, et même des plus illustres, ont quelquefois travaillé le cuivre.
Auguste avait exécuté, d’après les dessins de l’architecte de Wailly, les
ornements de bronze doré d’une colonne de porphyre qui, dans le salon
du marquis de Vover, servait de support à un vase antique. M. Blondel
de Gagny possédait aussi un vase monté par Auguste. Le trépied de
lord Hertford pourrait, sans trop de complaisance, être attribué à ce
rare ciseleur. Décidément, ce règne de Louis XVI, dont l’importance dans
l'histoire des arts décoratifs a été quelquefois méconnue, est, pour les
cuivres dorés et les bronzes d’ameublement, le moment de gloire et
l’heure triomphante.

Un remords nous vient en finissant cet article : nous avons parlé long-
temps, et peut-être avons-nous donné trop d’importance à des questions
qui peuvent paraître petites. C’est un malheur : on ne saurait être hé-
roïque tous les jours. 11 y a d’ailleurs, dans ce minutieux voyage à la
recherche des artistes inconnus, un sentiment, un besoin de justice. Beau-
coup, parmi ceux qui ont façonné l’or et le cuivre, mériteraient de sortir
de l’ombre. Nons apportons à cette enquête tout notre effort, sans rien
exagérer toutefois, sans croire qu’une clef ciselée ait la valeur d’une
statue, sans prétendre qu’une bonbonnière — fût-elle du Petit-Dunkerque
— ait l’intérêt d’un monument. Le grand art devra donc, tôt ou tard,
réclamer le rang qui lui appartient dans nos préoccupations quotidiennes ;
mais les curiosités du Musée rétrospectif nous ont paru dignes de quelque
étude, et, comme nous n’avons pas tout dit, nous demandons, pour une
fois encore, la permission de communier avec nos frères dans le culte du
bric-à-brac.

PAUL MANTZ.

Xl\.

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