H GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
est assise sur un divan bleu ; debout, auprès d'elle, une dame, plus âgée
et vêtue d'une robe d'un gris très-fin, taillée par la bonne faiseuse,
prend congé et, la main sur le loquet de la porte, éternise son adieu,
car il n'y a pas de raison pour qu'on voie finir une conversation entre
deux amies. La vérité des attitudes, la grâce des visages, la coquetterie
des ajustements, font de ce petit tableau une œuvre exquise. M. Stevens
ne réussit pas toujours aussi bien. On sait qu'au temps de ses débuts il
donnait un peu dans le noir ; il en est resté quelque chose au bout de son
pinceau, et parfois il exagère les ombres. Dans la Dame rose, dans Une
bonne lettre, les visages des charmantes petites femmes peintes par
M. Stevens se voilent d'une teinte obscure et qui, par l'action du temps,
menace de devenir plus épaisse encore. A vrai dire, c'est le seul défaut
qui nous contriste dans ces peintures si bien faites, si séduisantes au
regard, et qui, prises dans les réalités quotidiennes de la vie moderne,
en raconteront à toujours les costumes, le mobilier et les élégances.
On ne sait, du reste, comment s'y prennent ces artistes belges, mais
ils sont tous d'habiles peintres. M. Charles de Groux, qui a hésité d'abord
entre les sujets historiques et les scènes de la vie intime, choisira bientôt
le genre modeste où son sentiment s'exprime le mieux. Il renoncera aux
grandes machines comme la Mort de Charles-Quint et les Bourgeois de
Calais, pour peindre, avec la douce émotion qui est dans sa nature, des
sujets pareils à l'Aumône, à la Visite du médecin. C'est là que l'attend le
succès. Les épisodes empruntés aux vieilles chroniques flamandes ont un
peintre expérimenté dans M. Ferdinand Pauwels, qui est devenu profes-
seur à l'Académie de YVeimar, mais qui est resté fidèle à l'histoire de son
pays et aussi à sa manière de peindre. Quant à M. Hamman, qui est
depuis longtemps un des nôtres, il expose, avec XEducation de Charles-
Quint, du musée du Luxembourg, ses deux tableaux du Salon de 186Û,
On sait que ces peintures, que recommande surtout l'habileté de la main,
manquent un peu d'originalité et d'inspiration.
Les amateurs ont revu avec plaisir un choix des meilleurs tableaux
de M. Florent Willems. C'est encore là un Belge-un peu parisien. Il se
distingue de ses compatriotes par un choix particulier de coloration.
Alors que presque tous les artistes de la Belgique cherchent les tons
vigoureux et les nuances chaudes, il peint clair, et, si l'on en juge par
la tendance un peu menaçante que signalent ses plus récents tableaux,
il pourrait en venir à peindre blanc. Ce danger a paru visible dès 1861,
alors que M. Willems exposait au Salon des Champs-Elysées le tableau
qui depuis a reparu à la vente du duc de Morny et qui groupait autour
d'une table quelques gentilshommes buvant à la santé du roi. Dans
est assise sur un divan bleu ; debout, auprès d'elle, une dame, plus âgée
et vêtue d'une robe d'un gris très-fin, taillée par la bonne faiseuse,
prend congé et, la main sur le loquet de la porte, éternise son adieu,
car il n'y a pas de raison pour qu'on voie finir une conversation entre
deux amies. La vérité des attitudes, la grâce des visages, la coquetterie
des ajustements, font de ce petit tableau une œuvre exquise. M. Stevens
ne réussit pas toujours aussi bien. On sait qu'au temps de ses débuts il
donnait un peu dans le noir ; il en est resté quelque chose au bout de son
pinceau, et parfois il exagère les ombres. Dans la Dame rose, dans Une
bonne lettre, les visages des charmantes petites femmes peintes par
M. Stevens se voilent d'une teinte obscure et qui, par l'action du temps,
menace de devenir plus épaisse encore. A vrai dire, c'est le seul défaut
qui nous contriste dans ces peintures si bien faites, si séduisantes au
regard, et qui, prises dans les réalités quotidiennes de la vie moderne,
en raconteront à toujours les costumes, le mobilier et les élégances.
On ne sait, du reste, comment s'y prennent ces artistes belges, mais
ils sont tous d'habiles peintres. M. Charles de Groux, qui a hésité d'abord
entre les sujets historiques et les scènes de la vie intime, choisira bientôt
le genre modeste où son sentiment s'exprime le mieux. Il renoncera aux
grandes machines comme la Mort de Charles-Quint et les Bourgeois de
Calais, pour peindre, avec la douce émotion qui est dans sa nature, des
sujets pareils à l'Aumône, à la Visite du médecin. C'est là que l'attend le
succès. Les épisodes empruntés aux vieilles chroniques flamandes ont un
peintre expérimenté dans M. Ferdinand Pauwels, qui est devenu profes-
seur à l'Académie de YVeimar, mais qui est resté fidèle à l'histoire de son
pays et aussi à sa manière de peindre. Quant à M. Hamman, qui est
depuis longtemps un des nôtres, il expose, avec XEducation de Charles-
Quint, du musée du Luxembourg, ses deux tableaux du Salon de 186Û,
On sait que ces peintures, que recommande surtout l'habileté de la main,
manquent un peu d'originalité et d'inspiration.
Les amateurs ont revu avec plaisir un choix des meilleurs tableaux
de M. Florent Willems. C'est encore là un Belge-un peu parisien. Il se
distingue de ses compatriotes par un choix particulier de coloration.
Alors que presque tous les artistes de la Belgique cherchent les tons
vigoureux et les nuances chaudes, il peint clair, et, si l'on en juge par
la tendance un peu menaçante que signalent ses plus récents tableaux,
il pourrait en venir à peindre blanc. Ce danger a paru visible dès 1861,
alors que M. Willems exposait au Salon des Champs-Elysées le tableau
qui depuis a reparu à la vente du duc de Morny et qui groupait autour
d'une table quelques gentilshommes buvant à la santé du roi. Dans