Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (23.1867)

DE LA

MANUFACTURE DE MAJOLIQUE

établie par orazio fontana

A TURIN

stamment en proie aux agitations de la guerre
à l'époque où l'art atteignait clans le reste de

H ce bruit d'armes, de tous ces changements de
^> fortune. « Si le Piémont, dit fort bien Lanzi, a

à la Péninsule l'apogée de son essor, qu'elle dut
n. forcément rester en arrière au milieu de tout

a province d'Italie qui doit à sa situation au
pied des Alpes le nom de Piémont fut si con-

« le mérite d'avoir assuré, par sa protection, au reste de l'Italie, le
« loisir nécessaire aux beaux-arts, il a eu le malheur de ne pouvoir
« jamais se l'assurer à lui-même d'une manière durable. » En effet, ces
populations, absorbées par l'exercice des armes et le soin de la défense
de leur pays, ne pouvaient participer au culte qui, dans toute terre
italienne, était consacré aux beaux-arts, et on peut dire qu'ils y furent le
luxe des princes plutôt que le produit des aspirations du peuple.

Lorsque Emmanuel-Philibert put enfin substituer les inappréciables
bienfaits de la paix à un état de guerre permanent, l'art était sur la
pente de son déclin, et, faute de bonnes traditions et de bons exemples,
les artistes qui vinrent travailler en ce pays, appelés par ses princes, ne
comptèrent pas même au nombre des meilleurs de leur temps.

Mais le règne de Charles III fut signalé entre tous par tant de dé-
sastres que l'histoire offre peu de situations comparables. Pendant cette
période, le Piémont se vit transformé en un champ de bataille où se
vidaient les différends des deux monarques les plus puissants et les plus