Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (23.1867)

LES BEAUX-ARTS

A L'EXPOSITION UNIVERSELLE

V.

ALLEMAGNE.

Oublions, en entrant en Allemagne, nos

préoccupations habituelles. Les qualités de
dessin et de couleur, les prestiges d'une exé-
cution savante, la vérité du clair-obscur, le
relief accentué des formes, le sentiment de la
vie individuelle ou typique, ce ne sont pas là
sans doute des mérites que l'école allemande
néglige de parti pris; mais elle a mis ailleurs
son idéal, elle fait passer avant tout les spécu-
lations de l'intelligence, et, comme le disent
ses apologistes, elle exprime ce qu'il y a de
meilleur dans l'homme, la pensée. A en croire
ces beaux discoureurs, la palette est matéria-
liste, le pinceau a des instincts grossiers. Com-
ment, avec ces pauvres instruments, avec
cette boue plus ou moins épaisse qu'on appelle
la couleur, exprimer l'idée subtile et fixer sur
un morceau de toile cette chose légère par ex-
cellence, l'âme humaine, dans son essor et clans

-ïMûf-.si S011 rêve? C'est pourquoi, continuent les Alle-
mands , notre spiritualisme fait peu de cas de tous vos moyens vul-
gaires; nous ne cherchons- pas les belles formes, parce que nous ne
sommes pas des païens ; nous ne cherchons ni la couleur ni la lumière,
parce que nous ne nous arrêtons point aux surfaces; nous allons plus au