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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 23.1867

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Lagrange, Léon: Notes de voyages: Nice et Louis Bréa, les Fragonard de Grasse, Ingres à Aix, le musée de Marsaille et M. Esperandieu, un tableau de Finsonius$nElektronische Ressource
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https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0196

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NOTES DE VOYAGE

NICE ET LOUIS B 11 É A • — LES FRAGON
LE .MUSÉE DE
ET M. ESPERAN'DIEU. — UN

ARD DE GRASSE. — INGRES A AIX.
MARS El L L E

TABLEAU DE l'INSONIUS.

om.me au temps où j'avais l'iionneur d'être le correspondant en titre de
la Gazelle dans le Midi, je voudrais parler encore de ce pays béni
qu'un voyage récent a rerais vivant sous mes yeux. L'art y a toujours
sa place faite, et chaque pas donnerait lieu à quelque étude, si la na-
ture ne luttait victorieusement contre les souvenirs du passé par les
charmes implacables du présent. Un soleil qui ne pardonne pas, un ciel et une mer
qui conspirent avec le soleil, un paysage pitloresque empanaché de palmiers et de
pins, au milieu de tels ennemis, quel bénédictin conserverait le courage du travail?
C'est à peine si l'ombre claire des oliviers permet de griffonner une note.

A Nice, près de la cathédrale de Sainte-Héparate, dorée à la génoise, une madone
peinte sur le mur de la rue reproduit le grand style de la fin du quinzième siècle
italien. Dans le couvent de Cimiez, voisin de la ville, deux peintures remarquables
décorent les chapelles latérales de l'église : une Descente de croix, une Mise au
tombeau. La première porte la signature de Louis Bréa et la date de 1475. Toutes deux
sont l'œuvre de ce peintre niçois, dont le dessin rappelle surtout Pinturicchio, mais
dont le coloris chaud et soutenu se rapproche de celui des Bellini. Un grand nombre de
personnages animent l'une et l'autre composition, et l'expression pieuse qui y domine
les classe parmi les bonnes productions do l'art chrétien à cette époque. Désormais
annexé à la France, Louis Bréa devra prendre dans l'histoire, de noire école une place
d'honneur.

On retrouve à Nice beaucoup de peintures de l'école génoise. D'autres tableaux font
penser aux Yanloo qui y ont tous plus ou moins séjourné. L'ancien palais des Lascaris,
un palazzinOj florentin par la façade et génois par l'escalier, a conservé des fresques
du célèbre Carlone, une de ces illustrations complaisantes auxquelles le jury parisien
ermerait probablement l'entrée du Salon.

Le même peintre a décoré la grande salle du château de Cagnes : un singulier
château, dont les tours crénelées enferment une cour triangulaire, et, dans celte
cour, un escalier plus singulier encore, dont les portiques reposent sur des colonnes à
fûts renflés. L'école communale campe là dedans. Toutefois, la grande salle lui est
interdite, mais elle a longtemps servi de classe. Au plafond, le génie de Carlone a
figuré la chute de Phaéton au milieu d'une de ces perspectives hardies qui menacent
le visiteur mal placé: des lunettes encadrées de colonnes corinthiennes et d'allégories
dorées reproduisent les épisodes empruntés aux Métamorphoses d'Ovide. Sur les murs
 
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