DOI issue:
Nr. 5
DOI article:Blanc, Charles: Ingres, [4]: sa vie et ses ouvrages
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0456
SA VIE
INGRES
ET SES OUVRAGES1
XXVII.
« Vivre sagement, borner ses désirs et
se croire heureux, c'est l'être véritablement.
Vive la médiocrité ; c'est le plus heureux état
de la vie. Le luxe corrompt les délicieuses
qualités du cœur, car il est malheureusement
vrai que plus on a,-plus l'on veut avoir, et
moins on croit avoir. Sans la stupide dissipa-
tion de ce qu'on appelle le monde, on vit avec
un petit nombre d'amis que l'on s'est faits
par l'inclination et l'expérience; on exerce dé-
licieusement [les beaux-arts. Les lettres, les
connaissances humaines peuvent occuper tous
vos instants et'vous rendent un autre homme
que le vulgaire. Les sources de ces jouissan-
ces, tu le sais, sont inépuisables. Voilà donc,
selon moi, l'homme heureux, le vrai sage, la
vraie philosophie. »
En lisant ces lignes dans une lettre adres-
sée par Ingres à M. Gilibert, de Montauban,
et datée de Florence le 21 janvier 1821, on sent que l'artiste était
déjà plus heureux, ou du moins plus calme, et que son âme s'étai
quelque peu rassérénée. Il semble, en effet, que la chance avait tourné
depuis qu'il avait mis le pied à Florence. Il faut croire, au surplus,
que tout le monde n'avait pas eu pour Ingres les yeux de Landon ou
de Kératry, car peu de temps après le Salon de 1819 il reçut une com-
1. Voir les livraisons de juin, de juillet et de septembre 1867.
INGRES
ET SES OUVRAGES1
XXVII.
« Vivre sagement, borner ses désirs et
se croire heureux, c'est l'être véritablement.
Vive la médiocrité ; c'est le plus heureux état
de la vie. Le luxe corrompt les délicieuses
qualités du cœur, car il est malheureusement
vrai que plus on a,-plus l'on veut avoir, et
moins on croit avoir. Sans la stupide dissipa-
tion de ce qu'on appelle le monde, on vit avec
un petit nombre d'amis que l'on s'est faits
par l'inclination et l'expérience; on exerce dé-
licieusement [les beaux-arts. Les lettres, les
connaissances humaines peuvent occuper tous
vos instants et'vous rendent un autre homme
que le vulgaire. Les sources de ces jouissan-
ces, tu le sais, sont inépuisables. Voilà donc,
selon moi, l'homme heureux, le vrai sage, la
vraie philosophie. »
En lisant ces lignes dans une lettre adres-
sée par Ingres à M. Gilibert, de Montauban,
et datée de Florence le 21 janvier 1821, on sent que l'artiste était
déjà plus heureux, ou du moins plus calme, et que son âme s'étai
quelque peu rassérénée. Il semble, en effet, que la chance avait tourné
depuis qu'il avait mis le pied à Florence. Il faut croire, au surplus,
que tout le monde n'avait pas eu pour Ingres les yeux de Landon ou
de Kératry, car peu de temps après le Salon de 1819 il reçut une com-
1. Voir les livraisons de juin, de juillet et de septembre 1867.