Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (23.1867)

JOSEPH-MARIE VIEN

(QUATRIÈME AKTICLB.)

X.

aïs ce n'était pas assez que d'être Agréé,
que d'avoir des commandes et de plaire à
la reine. Il fallait aussi être membre de
l'Académie.

Yien y travailla, et le devint sans diffi-
culté le 30 mai 1754. Son tableau de Dé-
dale dans le labyrinthe attachant les ailes
à Icare fut son morceau de réception.

Quelques semaines après, le 6 juillet, il
était nommé adjoint à professeur.

Au sujet de ses cours, nous croyons de-
voir lui donner encore la parole :

« Mon école particulière ne tarda pas à acquérir de la célébrité par
les élèves qui s'y formaient. Tous les ans, j'avais dans mon atelier des
jeunes gens qui obtenaient le grand ou le second prix de peinture; d'autres
avaient le prix d'expression ; plusieurs avaient des médailles pour des
dessins d'après nature. J'avais plus d'élèves à moi seul que tous les
autres maîtres ensemble.

<( Je fus le premier de l'Ecole française qui, ayant senti la nécessité
d'habituer la jeunesse à. voir et à. connaître parfaitement la nature, intro-
duisis dans mon atelier le modèle vivant trois jours par semaine depuis
le malin jusqu'au soir. C'est devant ce modèle que je faisais sentir à mes
élèves les beautés et les défauts qu'il fallait ou suivre ou éviter. Je tâchai
de leur élever l'âme en les électrisant par les conversations que j'avais
tous les jours avec eux sur la nature, l'antique et les grands maîtres.

1. Voir t. XXII, p. 180 et 282; t. XXIII, p. 493.