DOI issue:
Nr. 3
DOI article:Jacquemart, Albert: Céramique, [2]: Exposition Universelle
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0243
CÉRAMIQUE.
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de belles pièces, telles que l'enlèvement d'Europe, à M. Aigouin, le petit
plat appartenant à M. du Broc de Séganges, les grandes bouteilles du
musée de Nevers et la buire de M. d'Yvon, où Vénus et les Amours, des
Tritons et des Néréides, se détachant sur un fond ondé bleu, en sont la
preuve palpable ; mais si, par les compositions, ces œuvres rappellent
l'Italie, quelle différence dans l'exécution! Ce n'est plus ce modelé doux
et ferme, cette entente harmonieuse des tons, si remarquable dans les
majoliques d'Urbino; les émaux sont tranchés, le bleu et le vert dominent
par leur violence sur les chairs à peine modelées en jaune ; bientôt celles-
ci reprennent quelque intensité par un chatiron de manganèse; ceci
est encore un genre nouveau ; les autres tons s'exagèrent à l'unisson du
violet noir; les paysages font concurrence aux sujets, et des fonds, des
bordures de grosses Heurs en couleurs crues indiquent une inspiration
puisée, non dans la majolique, mais dans les émaux sur cuivre du temps
de Louis XIII. Le grand plat de Vénus et Adonis (à M. d'Yvon),
un vase couvert de la collection nivernaise, sont les caractéristiques de
cette seconde tradition, toute française. Et, chose singulière, la bonne
fortune a youIu qu'une pièce d'Antoine Conrade figurât au milieu de ces
splendeurs, et cette pièce du gentilhomme italien est précisément une
imitation chinoise (coll. de Liesville). Ce genre, combiné avec des rin-
ceaux .et des feuilles d'acanthe, formant une espèce de compromis entre
le style oriental, l'art italien et le goût français, va être désormais la
manière spéciale de Nevers; la grande fontaine du musée, la gourde de
chasse de M. Martin, les beaux vases de M. Achille Jubinal, les plats de
M. Périllieux, tantôt décorés en bleu pur, tantôt en bleu et manganèse,
montrent ce genre dans toute sa puissance.
Une autre inspiration orientale est la fabrication des pièces dites en
bleu de Perse; la profondeur du fond, la richesse du décor, soit blanc,
soit mêlé de blanc, de jaune'orangé et de jaune citrin, rendent cette
faïence sans rivale; le grand plat de Vénus et l'Amour (musée de
Nevers), des coupes, gourdes, bouteilles, potiches appartenant à M. le
comte de Soultrait, à MM. Périllieux, d'Yvon, Aigouin, font apprécier une
de ces imitations françaises que le génie national éleva au niveau d'une
invention.
Nous passerons devant la statuaire, qui n'a rien de bien particulier.
RpUEN. —Revenons à Rouen, qui, à nos yeux, a droit de préséance sur
Nevers, d'après la date citée plus haut. De 1542 où ils cuisaient les car-
reaux d'ÉcQuen, au xvuc siècle, que firent les potiers normands? Nous
l'apprendrons sans doute un jour; nous les retrouvons en plein
Louis Mil, composant des vases d'ornement, où des sujets saints et des
xxiu. 30
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de belles pièces, telles que l'enlèvement d'Europe, à M. Aigouin, le petit
plat appartenant à M. du Broc de Séganges, les grandes bouteilles du
musée de Nevers et la buire de M. d'Yvon, où Vénus et les Amours, des
Tritons et des Néréides, se détachant sur un fond ondé bleu, en sont la
preuve palpable ; mais si, par les compositions, ces œuvres rappellent
l'Italie, quelle différence dans l'exécution! Ce n'est plus ce modelé doux
et ferme, cette entente harmonieuse des tons, si remarquable dans les
majoliques d'Urbino; les émaux sont tranchés, le bleu et le vert dominent
par leur violence sur les chairs à peine modelées en jaune ; bientôt celles-
ci reprennent quelque intensité par un chatiron de manganèse; ceci
est encore un genre nouveau ; les autres tons s'exagèrent à l'unisson du
violet noir; les paysages font concurrence aux sujets, et des fonds, des
bordures de grosses Heurs en couleurs crues indiquent une inspiration
puisée, non dans la majolique, mais dans les émaux sur cuivre du temps
de Louis XIII. Le grand plat de Vénus et Adonis (à M. d'Yvon),
un vase couvert de la collection nivernaise, sont les caractéristiques de
cette seconde tradition, toute française. Et, chose singulière, la bonne
fortune a youIu qu'une pièce d'Antoine Conrade figurât au milieu de ces
splendeurs, et cette pièce du gentilhomme italien est précisément une
imitation chinoise (coll. de Liesville). Ce genre, combiné avec des rin-
ceaux .et des feuilles d'acanthe, formant une espèce de compromis entre
le style oriental, l'art italien et le goût français, va être désormais la
manière spéciale de Nevers; la grande fontaine du musée, la gourde de
chasse de M. Martin, les beaux vases de M. Achille Jubinal, les plats de
M. Périllieux, tantôt décorés en bleu pur, tantôt en bleu et manganèse,
montrent ce genre dans toute sa puissance.
Une autre inspiration orientale est la fabrication des pièces dites en
bleu de Perse; la profondeur du fond, la richesse du décor, soit blanc,
soit mêlé de blanc, de jaune'orangé et de jaune citrin, rendent cette
faïence sans rivale; le grand plat de Vénus et l'Amour (musée de
Nevers), des coupes, gourdes, bouteilles, potiches appartenant à M. le
comte de Soultrait, à MM. Périllieux, d'Yvon, Aigouin, font apprécier une
de ces imitations françaises que le génie national éleva au niveau d'une
invention.
Nous passerons devant la statuaire, qui n'a rien de bien particulier.
RpUEN. —Revenons à Rouen, qui, à nos yeux, a droit de préséance sur
Nevers, d'après la date citée plus haut. De 1542 où ils cuisaient les car-
reaux d'ÉcQuen, au xvuc siècle, que firent les potiers normands? Nous
l'apprendrons sans doute un jour; nous les retrouvons en plein
Louis Mil, composant des vases d'ornement, où des sujets saints et des
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