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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 23.1867

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Nr. 4
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Lagrange, Léon: L' art persan
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https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0396

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GAZETTE DES BEAUX-A RTS.

Kazimirski, orientaliste de la mission de 1839, et soixante et onze planches on noir
ou en couleur, interprétées d'après les dessins de l'architecte par MM. Aug. Guil-
laumot, Levié, Bury, Huguet, Sauvagcot, Tcnel, etc. Il présente ainsi l'élude complète
dos monuments les plus intéressants d'un art qui a su garder, dans la famille de l'art
oriental, une originalité propre et une singulière saveur.

II y a toujours eu, au centre de l'Asie, une monarchie persane, un empire d'Iran,
contre-poids naturel des empires de la Chine, de l'Inde et de l'Occident. Les conquêtes
d'Alexandre passèrent dessus sans l'effacer. Les Sassanides le continuèrent jusqu'au
milieu du vnc siècle. Alors commença, avec le mahométisme, une ère nouvelle qui est
l'ère moderne de la Perse. Chacune de ces époques se caractérise par un art particulier.
Mais, tandis que l'art de l'époque sassanide se rattache directement à celui de la période
antique, l'art musulman se sépare de l'un et do l'autre d'une façon absolue. Aucune
tradition n'a survécu, si ce n'est le goût général du grandiose. Les formes architectu-
rales ont changé du tout au tout. La sculpture, comme si elle avait épuisé ses forces
dans les créations colossales de Persépolis, demeure à peu près stérile. La peinture se
réduit à un rôle décoratif. On se trouve en présence d'un art nouveau, dont l'origine
a sa date précise, dont la marche se poursuit, sans intervalle et sans mélange, depuis
le vin" siècle jusqu'à nos jours.

L'unité de l'art persan apparaît bien évidente dans l'ouvrage de M. Cosle. Tandis
que l'art des peuples latins a varié, pendant la môme période, du style romain et
byzantin au style ogival, et de celui-ci aux styles multiples de la Renaissance, les élé-
ments de l'art persan sont restés, à peu de chose près, les mômes. Évidemment, ils
font partie du faisceau arabe, mais on les voit s'en détacher de bonne heure, et, dès ce
moment, ils ne s'y confondent plus. L'origine première est commune. Comme dans tous
les pavs conquis à sa croyance, c'est l'islamisme armé qui, venant camper là. y a
apporté l'habitation du nomade, la tente, symbole et principe de la nouvelle architec-
ture. Ailleurs, la tente, devenue mosquée, a conservé sa forme primitive, et cette forme,
arcade ou coupole, se ramène à l'arc ogival normal, composé -do seize parties. En
Perse, le genius loci s'empare tout aussitôt du symbole, lui impose la loi d'une fan-
taisie indigène, et développe outre mesure les côtés de l'arc. Seulement, et c'est là le
signe distinctif, tandis que la coupole, renflée à sa base, aiguise sa pointe pour s'éle-
ver en l'air, l'arceau ou l'arcade s'abaisse en s'élargissant. La coupole renflée a, non
pas précisément ses similaires, mais au moins ses analogues, dans d'autres pays musul-
mans. L'arceau, ou l'arc persan proprement dit, n'appartient qu'à la Perse. Quelques
édifices de l'Inde septentrionale l'ont reproduit, à Lucknow, à Beejapoor, à Secundra, à
Delhi. Mais ces édifices ne remontent pas au delà du xv siècle. En Perse, c'est à peine
si l'on rencontre l'arc arabe pur dans les tours en ruine de Réi et dans d'autres monu-
ments contemporains des premiers khalifes, tels que le tombeau des descendants d'Ali,
;i Koum. La mosquée en ruine de Hamadan, dont nous reproduisons le croquis d'après
M. Coste, offre déjà un exemple bien caractérisé de l'arc persan. Or, cette mosquée
daterait aussi du temps des premiers khalifes, c'est-à-dire du ix1' siècle. Los édifices
postérieurs adoptent tous la même l'orme, et cependant, à Sultanieh, un mausolée
construit au commencement du xivc siècle conserve encore, sur l'arc élargi, la cou-
pole sans renflement. Il en résulterait que le caractère de l'architecture persane
réside, non pas môme dans sa coupole, mais spécialement dans son arc surbaissé et
néanmoins aigu, inauguré dès le ixe siècle et demeuré intact jusqu'à nos jours. On a
donné à l'arc surbaissé de la Renaissance le nom d'anse de panier; l'arc persan ne peut
 
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