DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Campori, Giuseppe: Le Pordenone à Ferrare
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19884#0473
LE PORDENONE A FERRARE
a région vaste, populeuse et pittoresque qui
confine aux Alpes carniques et juliennes et
porte le nom de Frioul ou, comme on disait au-
trefois, de patrie de Frioul, est une des moins
connues entre les provinces italiennes. Sur
cette terre, où les sublimes beautés des hautes
montagnes alternent avec les grâces des col-
lines couronnées de villages et d'antiques châ-
teaux, et l'aspect fleuri des plaines qu'arrosent
l'Isonzo et le Tagliamento, la nature déploie aux regards ces formes si
variées qu'ont étudiées et prises pour modèle Breughel et tant d'autres
maîtres. Là naquirent et furent élevés des peintres de grand renom,
surtout pendant le seizième siècle ; parmi eux, le premier rang -appar-
tient à Basaiti, Jean d'Udine, les Amaltei, le Florigerio, Pellegrino de
San-Daniele, et Jean-Antoine de Pordenone. Le titre de chef d'école
appartient à Pellegrino et au Pordenone ; nés aux deux extrémités oppo-
sées de la province, ils suivirent, le premier la manière de Jean Bellin,
le second celle du Giorgione, jusqu'à ce qu'il fût devenu, à son tour,
créateur d'une manière nouvelle; tous deux quittèrent leur pays pour se
mettre en quête de fortune et de gloire, tous deux furent accueillis et
honorés à Ferrare par la maison d'Esté.
Il est peu d'artistes, il n'en est point peut-être, qui aient eu tant de
noms et de surnoms qu'en compta Jean-Antoine de Pordenone ; dédai-
gneux de son nom de famille, Lodesano, on le trouve désigné, dans les
documents rapportés par Maniago, sous ceux de Sacchi, Sacchiense, Cor-
ticelli, Licinio ou Regillo (ce dernier lui plaisait plus qu'aucun autre),
quoiqu'il fût universellement connu sous le nom de son ravissant pays
natal, Pordenone.
Il fit ses débuts dans son pays, et c'est là qu'eurent lieu ses premiers
a région vaste, populeuse et pittoresque qui
confine aux Alpes carniques et juliennes et
porte le nom de Frioul ou, comme on disait au-
trefois, de patrie de Frioul, est une des moins
connues entre les provinces italiennes. Sur
cette terre, où les sublimes beautés des hautes
montagnes alternent avec les grâces des col-
lines couronnées de villages et d'antiques châ-
teaux, et l'aspect fleuri des plaines qu'arrosent
l'Isonzo et le Tagliamento, la nature déploie aux regards ces formes si
variées qu'ont étudiées et prises pour modèle Breughel et tant d'autres
maîtres. Là naquirent et furent élevés des peintres de grand renom,
surtout pendant le seizième siècle ; parmi eux, le premier rang -appar-
tient à Basaiti, Jean d'Udine, les Amaltei, le Florigerio, Pellegrino de
San-Daniele, et Jean-Antoine de Pordenone. Le titre de chef d'école
appartient à Pellegrino et au Pordenone ; nés aux deux extrémités oppo-
sées de la province, ils suivirent, le premier la manière de Jean Bellin,
le second celle du Giorgione, jusqu'à ce qu'il fût devenu, à son tour,
créateur d'une manière nouvelle; tous deux quittèrent leur pays pour se
mettre en quête de fortune et de gloire, tous deux furent accueillis et
honorés à Ferrare par la maison d'Esté.
Il est peu d'artistes, il n'en est point peut-être, qui aient eu tant de
noms et de surnoms qu'en compta Jean-Antoine de Pordenone ; dédai-
gneux de son nom de famille, Lodesano, on le trouve désigné, dans les
documents rapportés par Maniago, sous ceux de Sacchi, Sacchiense, Cor-
ticelli, Licinio ou Regillo (ce dernier lui plaisait plus qu'aucun autre),
quoiqu'il fût universellement connu sous le nom de son ravissant pays
natal, Pordenone.
Il fit ses débuts dans son pays, et c'est là qu'eurent lieu ses premiers