DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Galichon, Émile: Un dessin de Léonard de Vinci pour le tableau de l'adoration des mages
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
que nous reproduisons. C'est évidemment aux études du saint Georges
terrassant le dragon que Léonard doit les deux cavaliers qui, dans la
peinture, se chargent la dague à la main.
En jetant les yeux sur ces croquis tracés de la main gauche, ainsi
qu'en font foi les hachures conduites de gauche a droite, on sera étonné
de l'habileté extrême avec laquelle Léonard maniait la plume. Il semble-
rait même, pour qui examine avec attention ses œuvres dessinées, que
sa main gauche obéissait plus volontiers aux battements de son âme et sa
main droite aux lumières de sa raison. Avait-il besoin de traduire le sen-
timent qui faisait palpiter son cœur ; revenait-il de suivre pendant toute
une journée un homme qui l'avait frappé par sa physionomie bizarre ou
expressive, sa main gauche fixait rapidement sur le papier l'émotion ou le
souvenir Mais s'agissait-il de modeler et de parfaire une figure arrêtée
dans son esprit : l'étude définitive de l'enfant Jésus pour la Vierge aux
Rochers 2, ou bien le visage de la sainte Anne du Louvre 3, c'était la main
droite qu'il chargeait de ce soin. Bizarrerie curieuse à noter chez cet
homme singulier que Dieu semble avoir doté de toutes les facultés intel-
lectuelles, morales et physiques, pour montrer à quel degré de perfec-
tion nous pouvons arriver par l'ciïort de notre volonté.
4. Un grand nombre des croquis conservés dans les volumes do Windsor sont
tracés de la main gauche.
2. N° 383 du Catalogue du Louvre.
3. N° 207 du Catalogue des dessins, dans la galerie des Ufïizii à Florence, par
M. Charles Lagrange, Gazette des Beaux-Arts, t. XII.
EMILE GALICHON.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
que nous reproduisons. C'est évidemment aux études du saint Georges
terrassant le dragon que Léonard doit les deux cavaliers qui, dans la
peinture, se chargent la dague à la main.
En jetant les yeux sur ces croquis tracés de la main gauche, ainsi
qu'en font foi les hachures conduites de gauche a droite, on sera étonné
de l'habileté extrême avec laquelle Léonard maniait la plume. Il semble-
rait même, pour qui examine avec attention ses œuvres dessinées, que
sa main gauche obéissait plus volontiers aux battements de son âme et sa
main droite aux lumières de sa raison. Avait-il besoin de traduire le sen-
timent qui faisait palpiter son cœur ; revenait-il de suivre pendant toute
une journée un homme qui l'avait frappé par sa physionomie bizarre ou
expressive, sa main gauche fixait rapidement sur le papier l'émotion ou le
souvenir Mais s'agissait-il de modeler et de parfaire une figure arrêtée
dans son esprit : l'étude définitive de l'enfant Jésus pour la Vierge aux
Rochers 2, ou bien le visage de la sainte Anne du Louvre 3, c'était la main
droite qu'il chargeait de ce soin. Bizarrerie curieuse à noter chez cet
homme singulier que Dieu semble avoir doté de toutes les facultés intel-
lectuelles, morales et physiques, pour montrer à quel degré de perfec-
tion nous pouvons arriver par l'ciïort de notre volonté.
4. Un grand nombre des croquis conservés dans les volumes do Windsor sont
tracés de la main gauche.
2. N° 383 du Catalogue du Louvre.
3. N° 207 du Catalogue des dessins, dans la galerie des Ufïizii à Florence, par
M. Charles Lagrange, Gazette des Beaux-Arts, t. XII.
EMILE GALICHON.