Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Ménard, René: Institution de South Kensington, [1]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0265

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
INSTITUTION DE SOUTH KENSINGTON.

255

goût public et une amélioration notable dans la production industrielle.
Les premières notions du dessin ont été introduites dans le programme
de l’instruction primaire, et malgré les immenses difficultés inhérentes à
une pareille innovation, il y a déjà bon nombre d’endroits où cet ensei-
gnement est organisé. Il n’était pas possible, on le comprend, d’appli-
quer en tout lieu et tout d’un coup une mesure de ce genre; néanmoins
elle a reçu un commencement d’exécution en Angleterre et nous vou-
drions bien pouvoir en dire autant pour la France. « Le dessin, dit le
programme du comité central d’éducation de Kensington, doit être
enseigné comme une portion de l’éducation générale, concurremment
avec ΐécriture. » A une telle prétention les objections ne pouvaient man-
quer, et tout d’abord celle-ci se présenta : l’enseignement du dessin ne
peut avoir lieu que dans les grandes villes, par la raison qu’on n’aura
jamais un nombre suffisant de professeurs pour le répandre partout.
Gela serait parfaitement vrai s’il s’agissait de l’enseignement supérieur
ou même secondaire. Mais quand le comité central demandait que le
dessin fût enseigné concurremment avec l’écriture, il ne s’agissait évi-
demment que des notions les plus élémentaires. Les maîtres d’école dans
nos campagnes ne sont pas tous des calligraphes, il s’en faut; pourtant
les enfants apprennent à écrire. Il n’est pas nécessaire d’être artiste pour
diriger les premiers pas d’un enfant, car il ne s’agit point de développer
un talent, mais simplement d’éveiller une aptitude.

L’Angleterre ne s’est pas avisée de procéder révolutionnairement et
de décider par un décret d’une question qui peut paraître insoluble à
bien des gens ; elle se met sur un terrain pratique et agit petit à petit.
On attire les instituteurs dans les écoles d’art en leur faisant des avan-
tages; on leur facilite l’étude du dessin en établissant des cours pour les
jeunes gens qui se destinent à être maîtres d’école dans les paroisses, et
partout où l’on peut, c’est-à-dire partout où l’instituteur en est capable,
on fait marcher les principes du dessin concurremment avec ceux de
l’écriture. Ce n’est pas une loi qui change partout à la fois le système
d’enseignement pratiqué depuis longtemps, c’est un usage qui s’établit
et qui modifie peu à peu les habitudes que l’on veut transformer. Pour
n’être pas immédiates, les conséquences n’en sont pas moins énormes :
l’utilité du dessin est d’une telle évidence qu’il est inutile de la démon-
trer. Ce qu’il importe que la France sache, c’est que dans un temps qui
ne paraît pas très-éloigné l’étude du dessin sera universelle en Angle-
terre, et que dans le moindre de ses villages un enfant pourra retracer
sur le papier le plan de la maison de son père, la forme des outils dont
il se sert, les objets qui ont frappé son imagination, et se rendre compte,
 
Annotationen