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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 1
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Ménard, René: Une histoire de la céramique
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0056

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

naturalistes s’obstinent à ne pas vouloir classer, mais qui exercent la plus
haute influence sur les destinées du Céleste Empire. M. Jacquemart se
demande quelle peut être l’origine de ce dragon qui joue dans la déco-
ration un rôle si important. « Les premiers hommes des cent familles,
comme l’histoire appelle l’ancienne nation, furent-ils témoins des der-
nières convulsions du globe? auraient-ils aperçu les reptiles monstrueux,
les animaux incroyables dont Cuvier nous a restitué l’image d’après leurs
débris fossiles? On serait tenté de l’affirmer en examinant leurs dragons.
Sauriens gigantesques à quatre membres, armés de griffes puissantes et
terminés par une tête effroyable, squammeuse et fortement dentée, ils ont
un aspect terrible. On en distingue plusieurs : le long} dragon du ciel,
être sacré par excellence ; le kauy dragon de montagne, et le li} dragon
de la mer. Le dictionnaire de Khan-hy contient, au mot long; la descrip-
tion suivante : « Il est le plus grand des reptiles à pied et à écailles;

« il peut se rendre obscur ou lumineux, subtil et mince, ou lourd et gros,

<( se raccourcir, s’allonger comme il lui plaît. Au printemps, il s’élève vers
« les deux; à l’automne, il se plonge dans les eaux. Il y a le dragon à
« écailles, le dragon ailé, le dragon cornu, le dragon sans cornes, enfin le
« dragon roulé sur lui-même, qui n’a pas encore pris son vol dans les
a régions supérieures. »

Ces animaux bizarres, ces fleurs charmantes, ces arbrisseaux au
feuillage élégant, ces oiseaux au plumage varié, ces papillons qui vol-
tigent, ces colorations capricieuses, changeantes, qui rivalisent avec
l’agate ou sont nuancées comme les nacres, forment un petit monde
enchanté que les vases, les coupes de toute dimension et de toute forme
reproduisent sous mille aspects divers. Mais ce n’est pas, comme on
pourrait le croire, le résultat d’une fantaisie illimitée ; tout est, au con-
traire, soumis à une réglementation qui porte jusque sur les plus petits
détails. Les couleurs mêmes sont réglées par la symbolique et présentent
une signification religieuse et politique, en sorte qu’on étudie les mœurs
du pays en même temps qu’on est séduit par le charme incomparable du
décor. Le Japon, au reste, est, sous le rapport de l’art, encore supérieur
à la Chine, et c’est dans la production japonaise qu’il faut chercher les
grands chefs-d’œuvre de l’art décoratif dans la céramique. En Chine, on
trouve une production industrielle sur laquelle un grand nombre de
mains ont laissé des traces de leur travail, tandis qu’au Japon c’est une
création individuelle marquée au sceau d’un talent inappréciable.

L’irrégularité est le trait distinctif de l’art japonais. Il met autant de
soin à éviter la symétrie des parallèles que nous en mettons à la recher-
cher. La silhouette du dessin est toujours parfaitement accentuée et le
 
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