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Nr. 1
DOI article:Ménard, Louis: Fouilles du forum de Rome: les suovétaurilies, le recensement
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’Hadrien. Quant aux sujets représentés sur les deux faces de cette
balustrade, il semble difficile d’y voir autre chose que les deux actes
successifs d’une même cérémonie. C’est du moins ce qui résulte de la
comparaison de ces sculptures avec deux bas-reliefs du Louvre, dont
nous parlerons tout à l’heure.
Le sacrifice du porc, du mouton et du taureau est prescrit à Ulysse
par Tirésias au XIe chant de Y Odyssée. Les Romains appelaient ce triple
sacrifice Suovetaurilici, du nom des trois animaux qu’on y immolait,
sus, ovis, taurus. Caton, dans son Traité de l’agriculture, donne le rituel
des suovétaurilies pour la purification d’un champ, et la formule de la
prière qui devait les accompagner ; elle est adressée à Mars, qui était à
l’origine un Dieu agricole, comme la plupart des divinités italiques. La
même cérémonie était célébrée par les Romains dans des occasions solen-
nelles; Tacite en fait mention à propos de la reconstruction du Capitole.
Dans un des bas-reliefs de l’arc de Constantin qui se rapportent au règne
de Trajan, on voit l’empereur offrir la libation qui précède le sacrifice;
autour de lui sont des enseignes, des soldats sonnant de la trompette et
des camilles conduisant le porc, le bélier et le taureau.
Ce sacrifice purificatoire donnait une consécration religieuse au recen-
sement général qui devait se faire tous les cinq ans : c’est ce qu’on
nommait un lustre. Les trois animaux étaient promenés autour de l’as-
semblée, après quoi on les immolait. Tel est le sujet du beau bas-relief
du Louvre intitulé Suovetaurilia. Tous les personnages sont revêtus de
la toge ; l’un d’eux, placé près de l’autel, à côté de celui qui offre le
sacrifice, tient dans ses mains une tablette carrée qui figure un des
registres du cens. Un autre bas-relief du même musée, inférieur comme
exécution, représente d’une manière plus complète l’ensemble delà céré-
monie. On voit d’un côté les préparatifs du sacrifice, les trois animaux,
les victimaires et les musiciens qui accompagnent le cortège; de l’autre,
plusieurs personnages, les uns en costume civil, les autres en costume
militaire, se présentent devant un magistrat assis, sans doute le censeur,
qui fait le dénombrement du peuple et de l’armée. La tablette carrée sur
laquelle il inscrit les noms est tout à fait pareille à celles qu’on voit
déposer les unes sur les autres dans l’un des bas-reliefs récemment
découverts à Rome. C’est donc la cérémonie du cens qui est représentée
dans ce bas-relief. Sur la face opposée sont les trois animaux destinés au
sacrifice traditionnel qui accompagnait le recensement.
Sur uu autre bas-relief que nous n’avons pas reproduit, on voit un
sujet souvent représenté dans les monuments du temps de Trajan et des
Antonins : un personnage, probablement l’empereur, vêtu de la toge et
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’Hadrien. Quant aux sujets représentés sur les deux faces de cette
balustrade, il semble difficile d’y voir autre chose que les deux actes
successifs d’une même cérémonie. C’est du moins ce qui résulte de la
comparaison de ces sculptures avec deux bas-reliefs du Louvre, dont
nous parlerons tout à l’heure.
Le sacrifice du porc, du mouton et du taureau est prescrit à Ulysse
par Tirésias au XIe chant de Y Odyssée. Les Romains appelaient ce triple
sacrifice Suovetaurilici, du nom des trois animaux qu’on y immolait,
sus, ovis, taurus. Caton, dans son Traité de l’agriculture, donne le rituel
des suovétaurilies pour la purification d’un champ, et la formule de la
prière qui devait les accompagner ; elle est adressée à Mars, qui était à
l’origine un Dieu agricole, comme la plupart des divinités italiques. La
même cérémonie était célébrée par les Romains dans des occasions solen-
nelles; Tacite en fait mention à propos de la reconstruction du Capitole.
Dans un des bas-reliefs de l’arc de Constantin qui se rapportent au règne
de Trajan, on voit l’empereur offrir la libation qui précède le sacrifice;
autour de lui sont des enseignes, des soldats sonnant de la trompette et
des camilles conduisant le porc, le bélier et le taureau.
Ce sacrifice purificatoire donnait une consécration religieuse au recen-
sement général qui devait se faire tous les cinq ans : c’est ce qu’on
nommait un lustre. Les trois animaux étaient promenés autour de l’as-
semblée, après quoi on les immolait. Tel est le sujet du beau bas-relief
du Louvre intitulé Suovetaurilia. Tous les personnages sont revêtus de
la toge ; l’un d’eux, placé près de l’autel, à côté de celui qui offre le
sacrifice, tient dans ses mains une tablette carrée qui figure un des
registres du cens. Un autre bas-relief du même musée, inférieur comme
exécution, représente d’une manière plus complète l’ensemble delà céré-
monie. On voit d’un côté les préparatifs du sacrifice, les trois animaux,
les victimaires et les musiciens qui accompagnent le cortège; de l’autre,
plusieurs personnages, les uns en costume civil, les autres en costume
militaire, se présentent devant un magistrat assis, sans doute le censeur,
qui fait le dénombrement du peuple et de l’armée. La tablette carrée sur
laquelle il inscrit les noms est tout à fait pareille à celles qu’on voit
déposer les unes sur les autres dans l’un des bas-reliefs récemment
découverts à Rome. C’est donc la cérémonie du cens qui est représentée
dans ce bas-relief. Sur la face opposée sont les trois animaux destinés au
sacrifice traditionnel qui accompagnait le recensement.
Sur uu autre bas-relief que nous n’avons pas reproduit, on voit un
sujet souvent représenté dans les monuments du temps de Trajan et des
Antonins : un personnage, probablement l’empereur, vêtu de la toge et