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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 4
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Mantz, Paul: La galerie de M. Rothan, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0316

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

fait mourir jeune en 1638? G’est possible, mais il est prudent de ne rien
affirmer. N’insistons pas sur l’énigme. Il serait fâcheux de troubler la
sérénité des faiseurs de dictionnaires en leur apportant un Palamèdes de
plus, alors qu’ils sont déjà si empêchés d’étiqueter ceux qu’ils possèdent.

En raison du costume et du caractère de la peinture, on doit ratta-
cher à la même école le charmant petit portrait du personnage debout
et si gentiment campé dont la reproduction est placée à la troisième page
de notre article. Cette élégante figurine est un des bijoux de la collection
de M. Rothan. Sous le grand chapeau noir qui l’abrite, la tête étincelle
de vie et de ressemblance. Ce petit seigneur ou ce page est vêtu avec
coquetterie; ses manchettes sont de fine dentelle; son justaucorps et
son haut-de-chausses sont d’une riche étoffe, comme ses manches aux
rayures blanches et rouges. Mais la peinture est plus intéressante
encore que le costume. Elle est exacte, précise, presque un peu miniatu-
rée, large cependant et tout à fait savante dans la simplicité de son parti
pris. Ce portrait, qu’on a pu voir chez Bürger et chez M. Double, a tou-
jours été attribué à Jean Leduc. Ici deux objections se présentent :
l’une, c’est que Leduc est ordinairement un peu plus gris et plus lâché
d!exécution ; l’autre, c’est que sous les pieds du personnage on aper-
çoit la plus inquiétante, la plus indéchiffrable des signatures. La pre-
mière lettre est seule lisible : c’est un W. À la suite devait se trouver un
nom assez court et une date, mais tout cela est flottant comme le rêv'è et
l’initiale du prénom garde seule quelque netteté. En présence de pareils
mystères, on ne peut que confesser son ignorance. Un hasard nous dira
peut-être un jour à quel coloriste charmant, à quel exact dessinateur, il
faut restituer ce fin portrait, qui n’est donné à Leduc que parce qu’on
n’a pas trouvé encore d’attribution plus vraisemblable.

Nous n’en avons pas fini avec les énigmes. Y a-t-il un Rembrandt dans
la galerie de la place Saint-Georges? Nous nous garderions de l’affirmer.
Le rédacteur du catalogue du musée d’Anvers, décrivant je ne sais quel
tableau, prend la peine d’ajouter deux mots : « fortement contesté ».
Nous n’aurons pas moins de bonne foi, et nous avouerons que l’on conteste
avec énergie le portrait de jeune homme que possède M. Rothan. L’œuvre
est singulière et sympathique. Le modèle, vu en buste et de face, porte un
chapeau noir d’une modernité troublante. Par la coloration des chairs
et la coupe du visage, le jeune homme appartient vaguement au type
anglais. Il n’en a pas fallu davantage à des connaisseurs intelligents pour
déclarer que ce portrait est un pastiche de Reynolds. Nous ne saurions
souscrire à ce jugement. Les plus beaux Reynolds du monde étaient à
Manchester en 1857 et à Londres en 1862; nous les avons étudiés avec
 
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