LES LITS ANTIQUES.
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étrangère à cet usage. Il serait intéressant de savoir s’il avait cours parmi
les Lydiens, qui ont joué un rôle considérable dans l’histoire de l’Asie
Mineure; on n’en signale aucune trace dans les tombeaux de Sardes,
malgré les recherches qui ont mis récemment à découvert la chambre
funéraire de l’énorme tumulus d’Alyattes; mais peut-être les fouilles
n’ont-elles pas été assez complètes dans cette région pour donner des
résultats décisifs '. Il ne résulte pas moins, de la réunion des exemples
précédents, que la coutume de l’ensevelissement sur les lits funèbres
paraît avoir pris naissance en Asie Mineure. S’il n’est pas possible de
désigner le peuple qui l’a inventée, on peut dire pourtant que c’est en
Phrygie que l’on en rencontre les plus anciens exemples.
IV.
Je me suis réservé de citer en dernier lieu un peuple chez lequel
l’usage des lits funèbres paraît avoir été plus constant et plus populaire
que partout ailleurs; je veux parler des Etrusques. Us ne l’avaient pas
emprunté cependant aux peuples occidentaux dont ils étaient les voisins;
car on n’en rencontre aucun exemple, ni parmi les tribus indigènes de
l’Italie, ni parmi les Hellènes de la grande Grèce et de la Sicile. Je crois
pouvoir donner ce fait, en apparence secondaire, comme une nouvelle et
très-sérieuse preuve en faveur de l’opinion qui fait venir originairement
les Etrusques des régions de l’Asie Mineure, qui avoisinaient justement
la Phrygie et la Lycie, car il ne s’agit pas simplement ici de la commu-
nication d’un type de l’industrie et de l’art, mais de la transmission
ancienne d’un usage religieux qui touche à la partie la plus intime des
mœurs nationales. Du reste, l’Étrurie étant le seul pays où l’antiquité et
la perpétuité de cet usage permettent d’en étudier le développement, il
est nécessaire de s’y arrêter quelque peu, pour l’éclaircissement de la
question qui nous occupe.
Dans le plus ancien tumulus de Cæré, dont les chambres intérieures
appartiennent au système de construction des galeries de Tirynthe et du
trésor de Mycènes, on trouve déjà un exemple du lit funéraire; mais ici
c’est un véritable lit de bronze à gros pieds cylindriques, celui même qui
avait probablement servi à transporter le mort dont le squelette y était
encore couché 2. Plus tard, la même forme de lit et aussi la forme grecque
Mémoires de VAcadémie de Berliny année 1848.
2. Canina, Etruria marüima, vol. I, p. 173, pl. l et suivantes. Comparez pi. lxv,
LXVIII. LXXI.
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étrangère à cet usage. Il serait intéressant de savoir s’il avait cours parmi
les Lydiens, qui ont joué un rôle considérable dans l’histoire de l’Asie
Mineure; on n’en signale aucune trace dans les tombeaux de Sardes,
malgré les recherches qui ont mis récemment à découvert la chambre
funéraire de l’énorme tumulus d’Alyattes; mais peut-être les fouilles
n’ont-elles pas été assez complètes dans cette région pour donner des
résultats décisifs '. Il ne résulte pas moins, de la réunion des exemples
précédents, que la coutume de l’ensevelissement sur les lits funèbres
paraît avoir pris naissance en Asie Mineure. S’il n’est pas possible de
désigner le peuple qui l’a inventée, on peut dire pourtant que c’est en
Phrygie que l’on en rencontre les plus anciens exemples.
IV.
Je me suis réservé de citer en dernier lieu un peuple chez lequel
l’usage des lits funèbres paraît avoir été plus constant et plus populaire
que partout ailleurs; je veux parler des Etrusques. Us ne l’avaient pas
emprunté cependant aux peuples occidentaux dont ils étaient les voisins;
car on n’en rencontre aucun exemple, ni parmi les tribus indigènes de
l’Italie, ni parmi les Hellènes de la grande Grèce et de la Sicile. Je crois
pouvoir donner ce fait, en apparence secondaire, comme une nouvelle et
très-sérieuse preuve en faveur de l’opinion qui fait venir originairement
les Etrusques des régions de l’Asie Mineure, qui avoisinaient justement
la Phrygie et la Lycie, car il ne s’agit pas simplement ici de la commu-
nication d’un type de l’industrie et de l’art, mais de la transmission
ancienne d’un usage religieux qui touche à la partie la plus intime des
mœurs nationales. Du reste, l’Étrurie étant le seul pays où l’antiquité et
la perpétuité de cet usage permettent d’en étudier le développement, il
est nécessaire de s’y arrêter quelque peu, pour l’éclaircissement de la
question qui nous occupe.
Dans le plus ancien tumulus de Cæré, dont les chambres intérieures
appartiennent au système de construction des galeries de Tirynthe et du
trésor de Mycènes, on trouve déjà un exemple du lit funéraire; mais ici
c’est un véritable lit de bronze à gros pieds cylindriques, celui même qui
avait probablement servi à transporter le mort dont le squelette y était
encore couché 2. Plus tard, la même forme de lit et aussi la forme grecque
Mémoires de VAcadémie de Berliny année 1848.
2. Canina, Etruria marüima, vol. I, p. 173, pl. l et suivantes. Comparez pi. lxv,
LXVIII. LXXI.