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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 11
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0056

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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sont bien confus. J’imagine que, durant son séjour en Espagne, Rubens
a dû se borner à peindre les esquisses : c’est seulement dans l’atelier
d’Anvers que ces esquisses ont été agrandies et sont devenues de vastes
tableaux. Nous en avons deux au Louvre, le Triomphe de la Religion et
le Prophète Plie dans le désert. La recherche de l’effet décoratif y est
visible, mais, pour les humbles mortels, ces figures colossales ont quel-
que chose d’accablant. Ces compositions, où ne manque pas la redon-
dance, font meilleur effet en tapisserie qu’en peinture. On a pu voir à
Anvers, lors de l’exposition organisée à propos du centenaire de Rubens,
un bel exemplaire du Triomphe de la Religion. Cette pièce porte, avec
la marque de la fabrique de Bruxelles, le nom du tapissier Jan François
van den Ilecke.

Pendant que Rubens faisait de la peinture à Madrid, au grand plaisir
de Philippe IV, qui aimait à le voir travailler, Louis XIII en avait fini
avec la Rochelle. Le jour de la Toussaint, Richelieu disait la messe dans
le temple transformé en cathédrale. Le siège terminé, le cardinal allait
devenir inquiétant. L’Espagne et l’Angleterre comprirent la nécessité d’une
entente. La situation morale de la cour de Madrid se trouve très finement
exprimée dans l’extrait d’une dépêche que l’ambassadeur de Venise écri-
vait quelque temps après : Ici, mandait-il au doge, « il desiderio délia
pace... si accresce a misura del timoré delVarmi francesi. » Sous l’in-
fluence des faits extérieurs, les propositions si longtemps flottantes se
précisèrent au mois de mars 1629. Charles Ier se montrait disposé à en-
voyer un ambassadeur à Madrid si Philippe IV, acceptant cette procédure,
consentait à accréditer auprès de la cour de Londres un émissaire revêtu
du même mandat. Le roi d’Espagne ne pouvait plus refuser. Son choix,
suggéré d’ailleurs par Olivarès, se porta sur l’homme qui, bien que
n’étant pas diplomate de naissance, connaissait le mieux la question à
débattre. Rubens fut désigné.

Le 27 avril, Philippe IV donna deux signatures importantes. II notifia
à l’Infante la décision qu’il avait prise, et, en même temps, il nomma
Rubens secrétaire du Conseil privé des Pays-Bas. Le despotisme des tra-
ditions voulait qu’il en fût ainsi. Un peintre, même très grand, n’étant
pas un personnage d’assez riche étoffe, il était bon que l’artiste se pré-
sentât à Londres investi d’un titre brillant. Le comte-duc lui remit en
outre une instruction détaillée qui devait lui servir de règle de conduite.
Le 29 avril, Rubens fit ses adieux à Velâzquez, qu’il ne devait plus revoir,
et il quitta Madrid où il laissait, avec des œuvres lumineuses, la bonne
renommée d’un homme habile aux affaires et correct dans les choses de
l’étiquette.
 
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