Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 30.1884)

JACOPO BELLINI

ET LA RENAISSANCE DANS L’ITALIE SEPTENTRIONALE
d'après le recueil récemment acquis PAR LE LOUVRE

(DEUXIÈME LT DE H NIE II A11TICLE1)

ans la première partie de ce travail,
nous nous sommes attaché à montrer
ce que Jacopo Bellini devait à l’étude
de l’antiquité. Mais ce n’est là qu’une
des faces de ce talent souple et varié :
considéré comme naturaliste, le père
des Bellini ne le cède ni à Pisanello
ni àPaolo Uccello; il aborde avec une
égale sûreté le portrait et le paysage,
la représentation du costume et celle
du corps nu, celle des animaux et
celle des motifs d’architecture. La belle planche jointe à la précédente
livraison, la Vierge acloranl VEnfant Jésus, suffit à dire ce que l’artiste
vénitien sait mettre non seulement de vérité, mais encore de vie et de
poésie dans certaines pages d’une absolue sincérité, où rien encore ne
sent la formule, la convention.

Ici, on doit le reconnaître, l’influence des Florentins a été prépondé-
rante; comme eux, Jacopo s’est spécialement appliqué à l’étude de la
perspective et à celle de l’anatomie, les deux sciences qui ont le plus
contribué à renouveler la peinture du xve siècle.

Les académies de Jacopo méritent une mention toute spéciale. Celle
du folio Ji3 verso nous montre un homme nu (à l’exception des pieds
que recouvrent des brodequins), appuyé sur une balustrade, dans l’atti-
tude d’un modèle posant dans un atelier. L’artiste y semble complète-

1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 2° période, t. XXX, p. 346.