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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 1
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Fourcaud, Louis de: Le salon de 1884, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0072

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

essaye de tout, mais sans critique. Voulez-vous des allégories patrioti-
ques? M. Boisseau vous apporte la Défense du foyer, un Gaulois décla-
matoire debout, le glaive en main, devant sa femme accroupie contre
lui, avec son enfant ; M. Kinsburger vous montre son Clairon, un jeune
homme nu qui monte à l’assaut d’un tertre, soufflant à pleins poumons
dans son cuivre et agitant un drapeau... Ce n’est vraiment pas à retenir.
Voulez-vous de la sculpture à costume ? Allez à la Marguerite de M. Aize-
lin, à la Mignon de M. Dampt, à la Danse au moyen âge de M. Gauclez.
Quand on aura produit par centaines de ces garnitures de cheminée bour-
geoises, on ne sera pas plus avancé qu’aujourd’hui. Le genre des Mor-
ceaux de réception à VAcadémie, du xvnie siècle, a-t-il de l’attrait pour
vous? Voilà le Saint Sebastien en marbre de M. Just Becquet. Aimez-
vous les imitations de Benvenuto Cellini? Prenez la Salomé de M. Pépin,
assise sur un piédestal ouvragé comme celui du fameux Persée de Flo-
rence. Si vous avez un faible pour le florentin à la façon de M. Mercié, re-
gardez Y Œdipe et le Sphinx de M. Lanson. Mais, d’honneur, toutes ces
choses ne comptent guère.

C’est vers les sujets modernes que nos statuaires sont évidemment le
plus attirés. Le malheur veut qu’ils comprennent la modernité d’une
étroite manière et très vulgairement. Que nous veulent le Bûcheron des
Pyrénées de M. Escoula, en capuchon et ployant sous son fagot ; la Ba-
masseuse de varech, courbée sous sa récolte, que M. Voyez a baptisée
le Soir • la Bergère de M. Lefeuvre elle-même, bien qu’elle soit moins
fâcheuse à regarder, et tous ces ouvriers, forgerons, bouchers et pâtres,
qui fourmillent? Nous nommerions presque partout les modèles d’atelier
qui ont posé pour ces œuvres artificielles. Les auteurs de ces pauvretés
ont-ils droit au titre de réalistes? Certes, non. Leur réalisme est une
question de mode et d’évolution générale. Ce qu’ils modèlent, ce sont des
habits, non des hommes. Rendre le type humain, l'allure professionnelle,
à l’exemple des vieux gothiques, est le moindre de leurs soucis. Leur
exécution, sommaire et grossoyée, ne s’accorde que trop bien à la gros-
sièreté de leur conception. Bien de plus intolérable, à mon avis, que leur
modelé par à peu près, tout d’apparence et de surface. La sculpture de-
mande la recherche serrée des plans, et nos statuaires se servent de plus
en plus des boulettes de terre écrasées pour obtenir le charme d’abré-
viation que le peintre obtient à l’aide du blaireau. L’abréviation a certai-
nement sa raison d’être en certaines circonstances ; mais, prenez garde,
elle facilite tout à l’excès, pousse le producteur à se contenter de peu et
lui fait prendre sa faiblesse pour un mérite et sa paresse pour une
vertu. Puisque vous disposez des trois dimensions, profitez-en pour nous
 
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